Algérie

Tirer Constantine de sa clochardisation



Tirer Constantine de sa clochardisation
Dans la décade en cours, le wali de Constantine devrait recevoir les représentants de la société civile. C'est ce que nous avons appris d'un citoyen connu pour son engagement en ce sens. En fait, l'information serait banale si elle ne tenait qu'à une rencontre qui, dans la réalité, ne déboucherait sur rien de bien nouveau et encore moins d'extraordinaire. Ce genre de rencontre entrant dans le vade-mecum des commis de l'Etat en contact quasi direct avec la population. Une manière comme une autre de jauger le terrain en décomplexant les rapports de l'administration, mais également en donnant de l'humanité à une personnalité (le wali) qui, sur l'ensemble du territoire national, n'a jamais ou rarement bénéficié de l'assentiment des populations.Constantine, n'est pas une wilaya facile à gérer. Pour l'anecdote, M. Hamimid, qui venait d'y être installé à la fin de l'année 1998, avait été mis, dès sa première rencontre avec les élus locaux, en garde publiquement sur la complexité, pour ne pas dire la spécificité, d'une cité où rien ne fonctionne pas comme ailleurs. L'élu en question, en l'occurrence Mohamed Azzabi, délégué de secteur, soulignait à l'intention de son interlocuteur : «Si Tizi Ouzou n'est pas une ville facile, Constantine l'est dix fois plus.» Il y a lieu de rappeler qu'effectivement M. Hamimid qui était alors wali de la ville des genêts, avait, en raison des menaces de la population et selon ce que rapportaient les confrères, «été ??exfiltré'' de la cité dans un véhicule utilitaire».Les propos de l'édile relevaient pratiquement de l'oracle dans la mesure où rarement la population locale n'avait été aussi agitée et eu autant de ressentiment à l'endroit d'un wali. Il est vrai que M. Hamimid héritait d'un cadeau empoisonné, celui du logement social dans une ville où les réalisations, et partant les distributions, se faisaient de manière plus que parcimonieuses. Autrement dit, jusqu'à créer et provoquer l'instabilité sociale. Tahar Sakrane qui lui succèdera, se fera plus discret, jugeant préférable de ne pas faire de vagues, et ce, faisant du statu quo le meilleur des crédos.Un statu quo qui reviendra comme boomerang à la figure de son successeur dont l'idylle tous azimuts, population, élus, médias et mouvement associatif, ne durera pas bien longtemps. Preuve en sera que A. Boudiaf terminera sa mission sous haute protection policière déployée autour de sa résidence et lors de ses déplacements au motif de menaces, mais des menaces jamais discernées, ce qui a conduit l'un des animateurs les plus en vue du mouvement associatif à évoquer «une mise en scène grotesque du premier responsable de la ville dont l'objectif est de détourner l'attention d'une partie de la population des véritables problèmes vécus par d'autres Constantinois».Quel est le dénominateur commun entre les walis qui se sont succédé dans la ville des ponts ' Ils ont tous cherché à obtenir prioritairement les faveurs d'une société civile décomposée et à jeter, par voie de conséquence, des passerelles peu évidentes avec les habitants, en ce sens que celle-ci en grande partie traînait derrière elle une odeur de souffre. Ce qui est d'une logique implacable jusqu'à ne faire de la société civile qu'une appellation ou, si tant est qu'elle existe, étant à têtes multiples,... vestiges des walis successifs. Donc peu fréquentables.Et c'est sans doute par rapport à ce constat mais tout autant par rapport à ce qui va être la plus importante échéance dans les trois mois à venir, que le nouveau wali a pris langue avec Mohamed Latafi, l'animateur le plus visible du mouvement associatif, sans doute pour avoir résisté à toutes les bourrasques, les compromis et compromissions, la récupération politique, avec pour proposition de mettre une apparence palpable avec celui ou ceux qui seraient les partenaires de demain pour le bien de Constantine. Des hommes et des femmes sans les scories habituelles, en somme un ensemble clean, qui ne seraient unis que pour l'amour de leur ville. L'importante échéance d'avril prochain constituerait-elle l'un des arguments alibi ' Peut-être si c'est dans l'intention d'y aller à moindre frais et en donnant donc l'assurance, même partielle, d'un front social calme, discipliné, citoyen pour qu'enfin, en retour, Constantine retrouve non pas son lustre mais surtout la dignité qui a fait son histoire.Contacté par téléphone en début de soirée de samedi dernier, Mohamed Latafi nous a confirmé la démarche. Notre interlocuteur s'est appesanti sur «la réelle disponibilité du wali de remettre dans le sens de la marche une ville martyrisée et oubliée par ses enfants. Personnellement, j'ai tenu à contacter tout ce qui a un sens dans la notion de société civile, des personnalités non pas de premier plan, un choix élitiste, mais plutôt des individus compétents d'abord chacun dans son art, son métier, son activité, ensuite connus pour leur honnêteté morale, intellectuelle et l'amour qu'ils témoignent au pays en général et à leur ville en particulier. Quoiqu'il arrive, il ne faudrait surtout pas regretter un jour de ne pas avoir fait cette démarche».A. L.




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