Algérie

Tipasa: Les affectations de la discorde



Plusieurs opérateurs de transport se sont adressés à la presse pour présenter une requête dans laquelle ils fustigent le mode d'affectation des lignes de transport.

Selon ces opérateurs de transport, «les lignes de transport interwilayas sont délivrées sans tenir compte des capacités de chaque ligne et des besoins réels des voyageurs. Cela a pour effet d'avoir des centaines de bus le matin, qui se bousculent pour transporter les voyageurs, avec pour conséquence d'avoir très peu de clients le matin et quelquefois un départ à vide».

Selon M.M. Ali, «cette bousculade des transporteurs cesse aux environs de 14 heures, du fait que les opérateurs, tenus d'effectuer deux rotations par jour, se contentent de n'effectuer qu'une seule à Tafourah et de faire la seconde entre Cherchell-Tipasa, Damous-Tipasa ou Gouraya- Tipasa».

M.B. Omar est formel : «Cette pratique a des conséquences très graves, tant sur le respect des horaires assignés à chacun de nous que sur la perturbation du transport au-delà de 15 heures à Tafourah. Cela dénote, bien sûr, une absence flagrante de contrôle des accès au niveau des différentes gares routières de Tafourah, Bou Ismaïl, Cherchell ou Hadjout. Cette absence de contrôle est imputables à tous les organes concernés, tant de la part des directions du transport que du côté des gestionnaires des gares routières», martèle M. Omar.

Mais l'autre problème considéré comme grave et aussi inadmissible par ces transporteurs, et qui se révèle être à l'origine de cette grave perturbation des transports, est, outre l'absence de cartes d'accès et de plan de charge de chaque transporteur au niveau de chaque gare routière, la disparition des commissions mixtes chargées d'affecter les lignes de transport.

En effet, Ami Mohammed, le doyen des transporteurs Alger-Cherchell, nous présente une requête écrite qu'il préfère nous lire. «Auparavant, il y avait les commissions mixtes qui avaient pour rôle d'affecter les lignes de transport selon les disponibilités et la capacité requise. Or, la disparition de ces commissions, accusées à tort de bloquer l'affectation des lignes au profit des jeunes prétendants, a provoqué la libération anarchique de l'attribution des lignes en donnant la liberté d'attribution à la direction de transport de la wilaya. Cela a eu pour conséquence de voir un véritable déséquilibre d'une région au profit d'une autre».

Plusieurs voix sourdes et tumultueuses se sont élevées pour confirmer cette requête présentée par Ami Mohammed. «Au lieu de nous attribuer des lignes de nuit à partir de 03 heures ou 04 heures du matin, comme on l'a toujours demandé, on nous impose des départs à partir de 05 heures ou 06 heures du matin. Certains nouveaux bénéficiaires des lignes n'effectuent même pas le nombre de rotations légales requises (deux rotations). Ils effectuent une rotation jusqu'à Aïn Allah, et ils retournent sur la distance la plus proche qui leur convient ou pour effectuer de petites rotations entre Cherchell et Tipasa par exemple. Cette pratique est malhonnête, car il y a concurrence déloyale vis-à-vis des vrais bénéficiaires des rotations Cherchell-Tipasa et Cherchell-Bou Ismaïl. Nous aurons aimé être associés à l'initiative de la direction des transports pour l'affectation des lignes. Sur quel critère ces lignes sont-elles attribuées ? Pourquoi telle région au détriment d'une autre ? Autant de questions qu'on souhaite voir résolues. Nous souhaitons l'intervention urgente de M. le ministre des Transports. Nous demandons à ce que les missions des gares routières soient réglementées. Nous demandons que les inspections des transports soient permanentes et non conjoncturelles. Nous souhaitons savoir sur quel critère les transporteurs de Tipasa sont interdits de faire halte aux arrêts de Aïn Allah, Saïd Hamdine et Lafarge. Nous souhaitons aussi avoir des explications sur l'interdiction sélective de passer par Bab El-Oued et, bien sûr, pourquoi des autorisations sélectives de stationner à Chevalley. Nous souhaitons connaître par ailleurs les attributions des pseudo-chefs de quai des gares routières virtuelles de Fouka, Douaouda, Damous et Gouraya. Pourquoi ces derniers perçoivent-ils des taxes sans contreparties organisationnelles et réglementaires ?», conclut l'orateur en nous remettant sa requête.

Au niveau de la gare routière de Tafourah à Alger, dernièrement vers 17 heures, l'exaspération était à son comble. Des centaines de voyageurs au niveau du quai d'Alger-Cherchell et Alger-Gouraya étaient dans l'expectative. Ils attendaient de voir arriver des autocars. Rien. Une attente énervante, car à 18 heures, plus aucun autobus à l'horizon. Elles sont des dizaines de femmes, de jeunes filles, de mères de famille à perdre patience. L'une d'entre elles éclata en sanglots en s'adressant violemment à un responsable de quai, debout et apparemment impuissant devant cette situation: «Faites quelque chose, mobilisez l'un des bus à l'arrêt et dirigez-le vers Cherchell. Faites intervenir les responsables de la gare routière», crièrent en chÅ“ur plusieurs femmes.

Alarmés, les responsables des quais décidèrent d'une action commune. Celle de prendre une décision urgente : quand ils virent au loin un grand autobus provenant de Bou Ismaïl qui s'apprêtait à se garer. «Par ici, lança au conducteur du bus un responsable de quai. «Allez, mesdames, montez. Il vous emmènera à Bou Ismaïl», ordonna ce dernier. Une horde de passagers s'engouffra à toute vitesse à l'intérieur du bus, déjà en surcharge, qui démarra en trombe, avec un chauffeur certainement mécontent d'être contraint d'effectuer cette rotation supplémentaire.




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