A travers un court métrage et une série de photos produits par Word Press Photo, Oualid Khelifi raconte le blues d’une population qui s’accroche à la vie grâce à la musique.
A plus de deux mille kilomètres au sud d’Alger se trouve le village retiré de Tazrouk, un point minuscule dans la wilaya de Tamnrasset, qui héberge des musiciens touareg célèbres pour la musique tindé. Les habitants de Tarzouk forment une communauté depuis longtemps connue pour sa joie de vivre. Mais l’ambiance au village s’est assombrie ces dernières années. La raison de cette croissante amertume ? L’exploitation.
Ayant participé à des douzaines de festivals de musique financés par l’Etat, les artistes les plus âgés ont perdu tout espoir d’être correctement payés. Ils refusent désormais de jouer leur musique pour qu’elle soit une vitrine du gouvernement, et les jeunes s’emparent de leur guitare au lieu de reprendre la tradition. Ce court film-documentaire de 6 minutes concerne plusieurs musiciens de Tazrouk. Abegui Karzika, 53 ans, est le leader d’une formation tindé composée d’une douzaine de vocalistes et de femmes percussionnistes traditionnelles.
Presque tous âgés de plus de 50 ans, ils sont membres d’une association culturelle locale qui touche des fonds du gouvernement central ou local. Abegui participe à des festivals depuis presque vingt ans dans toute l’Algérie et a même donné un concert à Paris, mais il n’a été payé que trois fois et jamais plus de 20 000 DA, une somme médiocre même d’après les normes locales. Pour lui, le tindé est comparable à une branche tombée d’un arbre, elle se trouve abandonnée, et bientôt brûlée et oubliée.
La corruption et les détournements des fonds sévissent autour de la scène des festivals locaux en Algérie. Les émoluments des musiciens ne correspondent pas aux budgets prévus pour ces événements, ils disparaissent de toute façon en grande partie dans la poche des directeurs et fonctionnaires. Les artistes ruraux sont exploités et l’identité exceptionnelle de leur musique est diluée —au nom du nationalisme— dans un «folklore» désuet.
Un exemple emblématique de cette honteuse exploitation est l’arrangement de transports pour les musiciens de Tazrouk quand ils sont invités à des festivals sur Alger ou ailleurs dans le Nord algérien. Même si les frais des vols Tamnrasset-Alger aller-retour sont prévus dans les budgets des ces événements, Abegui, Aïcha et d’autre femmes musiciennes âgées ont fini par prendre la route pendant 4 jours. Où a allés les fonds dédiés au transport de la formation ? Les artistes de Tazrouk se posent toujours la question.
Abegui, le leader du groupe, boycotte carrément. Jadis un symbole de fierté et d’identité, la musique ancestrale targuie est de plus en plus un rappel à la mauvaise gestion culturelle, la manipulation décevante et la rétrogradation des valeurs artistiques dans l’Algérie d’aujourd’hui. Les initiatives étatiques, dites visées à préserver le patrimoine musical du pays, ne touchent qu’une minorité de jeunes musiciens. Par contre, elles favorisent les opportunistes et les arrivistes au nom de la créativité et la tradition.
Franchement scandaleux ce type de pratiques dignes des esclavages d'antan .. la honte pour les suceurs de sangs, khalida & co
Vitaminedz Algerie
06/09/2014 - 212080
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Posté Le : 06/09/2014
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Oualid Khelifi
Source : http://www.elwatan.com/