Algérie

Tin Zaouatine. Le SOS des réfugiés algériens



Tin Zaouatine. Le SOS des réfugiés algériens
Quelque 266 familles algériennes ont fui les régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka et Aguelhoc, au nord du Mali, pour s'installer à Tin Zaouatine (à 560 km de Tamanrasset) dans des conditions extrêmement difficiles. Beaucoup se partagent les espaces, notamment des abris de chèvres, qu'elles louent au prix fort. En face, derrière l'oued de Tin Zaouatine, qui sépare le Mali de l'Algérie, des centaines de nomades maliens vivent l'enfer de l'exode.
Entre Tin Zaouatine d'Algérie et Tin Zaouatine du Mali, il n'y a qu'un lit de oued sec où se croisent des troupeaux de chèvres qui, parfois, slaloment pour éviter les nombreux poids lourds qui le traversent à toute allure. Mais sur les deux rives, des populations algériennes et maliennes partagent, en commun, les douleurs et les souffrances de l'exode. Depuis le début de la rébellion, quelque 266 familles algériennes ont fui les villes de Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka et Aguelhoc. La communauté algérienne représente près de 3000 personnes, dont 1400 uniquement à Kidal, et semble de plus en plus convaincue que «la vie n'est plus possible» dans les villes qui les ont accueillies depuis des années. Elles ont abandonné maisons, cheptels et biens pour se réfugier en territoire algérien, dans des conditions extrêmement difficiles et inhumaines. Beaucoup se sont entassées dans des hangars ou des abris de chèvres, pour se partager un loyer excessif. «Avant, nous pouvions louer une maison plus ou moins correcte à 1500 DA.
Depuis la rébellion, le loyer a grimpé pour atteindre 4000 DA. Nous sommes obligés de cohabiter pour partager les frais», déclare un père de famille résidant à Gao. Avec ses six enfants, il vit dans un hangar avec huit membres d'une autre famille venue de Kidal. Non loin du hangar, trois autres familles, d'une quinzaine de personnes, dont huit enfants, se partagent un abri pour chèvres situé à l'arrière d'une maison en toub. «Nous avons mis deux jours pour réduire les mauvaises odeurs et les mouches qui l'envahissaient. En plus, nous devons économiser l'eau que nous recevons une seule fois par semaine», raconte une mère de famille. Ici, les réfugiés n'ont pas monté de tentes en plein air, faute de moyens. Ils sont obligés de vivre l'enfer de la promiscuité en déboursant les maigres économies qu'ils ont pu ramener avec eux. «Nous ne savons pas jusqu'à quand allons-nous tenir ainsi. Nous n'avons pas de revenus et nous avons laissé nos biens au Mali», souligne un réfugié, la soixantaine.
Lui et ses voisins expriment une «profonde inquiétude» pour l'avenir des enfants privés de scolarisation.
Enfants sans école

«Plus de la moitié de la population réfugiée est constituée d'enfants en âge d'aller à l'école. Ils suivaient leur cursus avant d'arrêter brutalement pour fuir la violence. Lorsqu'ils sont arrivés à Tin Zaouatine, les écoles étaient déjà très en avance par rapport au programme. Ils se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. C'est tout leur avenir qui est compromis. Nous n'avons pas pu leur trouver des enseignants pour leur donner des cours. Même dans les mosquées, nous n'avons pas pu trouver d'aide», révèle un réfugié, père de cinq enfants âgés entre 7 et 14 ans. Cette situation n'est pas un cas isolé. Habituellement, les rues de Tin Zaouatine se vident au moment de la sieste. Ce qui n'est plus le cas depuis l'arrivée des réfugiés. «Ils n'ont pas où aller et la chaleur est telle qu'ils ne peuvent pas rester à l'intérieur des maisons», explique notre interlocuteur. Selon lui, certaines familles ont entrepris des démarches pour inscrire leurs enfants dans les écoles. En vain. «On nous a dit que l'administration ne pouvait intégrer des enfants en plein milieu de l'année.
En plus, étant donné que les enfants étudient en langue française au nord du Mali, il leur faut un rattrapage. Nous n'avons pas les moyens de leur payer des cours. C'est déjà à peine si nous pouvons assurer un toit et de la nourriture», ajoute ce père de famille. Il précise que plusieurs familles n'ont cependant pas voulu inscrire leurs enfants à l'école, parce qu'elles ont encore l'espoir de retourner là où elles vivaient. «Toute leur vie est là-bas. Ces familles ne sont là que provisoirement en attendant le retour à la normale. Or, rien n'indique que la situation sera mieux. Bien au contraire. Il y a encore des familles qui fuient le territoire malien à ce jour», explique un père de famille, qui regrette néanmoins que «les maigres» aides parvenues à Tin Zaouatine soient partagées entre les réfugiés algériens et ceux du Mali, installés sur l'autre rive de l'oued Tin Zaouatine, sur le sol malien.




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