Algérie

Timide reprise des cafés et restaurants



En cette matinée du samedi 15 août, premier jour de l'ouverture progressive des mosquées, des plages, des lieux de détente et de loisirs et des cafés et restaurants, après plus de cinq mois de fermeture, le centre d'Alger respire le calme. La réouverture tant attendue n'a pas donné lieu à l'animation escomptée. La reprise est vraiment timide à Alger.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les terrasses des cafés et restaurants très fréquentées de la place Audin, de la Grande-Poste et de la rue Larbi-Ben-M'hidi ont renoué hier avec l'activité, en application de la nouvelle phase de déconfinement. Mais l'animation n'était pas au rendez-vous en ce premier jour de reprise, un jour de week-end où Alger est habituellement gagnée plutôt par une relative torpeur, par rapport aux autres journées de la semaine.
Plusieurs cafés et restaurants n'ont pas ouvert leurs portes, y compris au niveau des grands boulevards, a-t-on constaté lors d'une tournée dans la ville. Dans les cafés et restaurants ouverts, les clients ne se bousculent pas. Ils sont très peu nombreux à fréquenter ces espaces qui ont repris l'activité après plus de cinq mois de fermeture involontaire, imposée par les mesures de lutte contre le corona.
La reprise est en effet timide. Les célèbres terrasses de la Grande-Poste reprennent difficilement l'activité. Les tables sont déployées de manière à respecter la distance exigée entre une table et une autre. Mais les clients n'arrivent toujours pas comme on avait l'habitude d'en voir avant le corona. « Je pense que les gens vont prendre plutôt d'assaut les plages et autres espaces de détente en ces temps de fortes chaleurs. Il ne faut pas oublier que le samedi est un jour de week-end durant lequel Alger se vide », explique un serveur interrogé sur cette absence remarquée de clients. Ce dernier trouve une autre raison à cette défection : l'absence des transports publics de voyageurs. Il estime que seule la reprise du service au niveau du Métro d'Alger permettra à la capitale de retrouver sa dynamique et son animation d'antan. « La reprise est un peu difficile », admet amèrement un cafetier au moment où un client, confortablement attablé avec son ami, exprime sa satisfaction de retrouver ces terrasses après une longue fermeture. « C'est un sentiment de retrouvailles », indique-t-il.
Dans les cafés et restaurants (très peu nombreux) ouverts, on ne badine pas avec le respect des mesures de protection, notamment le port du masque et la distanciation physique. « Les policiers en civil rôdent ici et observent tout. Si un client ne porte pas de masque, on le renvoie tout simplement. En plus d'être une mesure de sécurité, ça nous évitera les déboires avec la police », explique Kamel, un serveur. « Merci de laisser une distance d'au moins un mètre entre vous et les autres », lit-on, en outre, sur une affiche accrochée sur le comptoir d'une cafétéria. Pour les employés de ces établissements, notamment pour les pères de famille, la réouverture est arrivée à point nommé après plus de cinq mois de sécheresse financière. « Les gens ont traversé des mois pénibles sans aucun moyen de subsistance. La vie est chère et les gens n'ont plus de ressources pour subvenir à leurs besoins. Certains n'ont même pas de quoi manger et j'en connais plusieurs. À la veille de la rentrée, cette reprise peut apaiser un tant soit peu les tensions sociales », nous relate un de ces serveurs, satisfait de reprendre le travail. Il critique la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics. « Au début, lorsque le pays enregistrait juste quelques cas de contamination par jour, ils ont tout fermé. Aujourd'hui que le nombre des contaminations a flambé, on rouvre tout alors que c'est le contraire qui devait se produire. Mais à quelque chose malheur est bon. Avec cette reprise, chacun doit prendre sa responsabilité en respectant les mesures de prévention pour se protéger et protéger les autres », poursuit notre interlocuteur, en ironisant sur la mesure de confinement entre 23h et 6h du matin, ne lui trouvant aucun sens.
À la place Audin également, les cafés peinent à reprendre. Certains sont restés fermés. Idem pour le Milk Bar, établissement public relevant de l'Office des parcs et loisirs d'Alger (Opla), situé en face de la statue de l'Emir Abdelkader, rue Larbi-Ben-M'hidi. Cet établissement qui change de gérant comme on change de vestes, selon ses employés, n'attire pas les clients des grands jours. À midi, à peine deux personnes y ont pris place. Contrairement au Milk Bar, le restaurant situé à Audin, côté de la Fac centrale, relevant du même Opla, est resté fermé. Nous quittons la Grande-Poste aux environs de 11h30mn et nous nous dirigeons vers la rue Tanger, connue pour ses restaurants populaires. Mais à notre grande surprise, la majorité de ces restaurants n'a pas repris l'activité. « Le Roi de la loubia », restaurant réputé et fréquenté, est ouvert mais aucun service n'est proposé. « Nous reprendrons peut-être demain (Aujourd'hui, ndlr) mais juste pour les plats à emporter », nous explique-t-on sur place.
Concernant les prix appliqués, selon nos interlocuteurs, rien n'a changé. « Il y a même des baisses pour les plats à emporter », nous-a-t-on informé.
K. A.


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