Algérie

Tillerson à la reconquête de l'Amérique du Sud


Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, a entamé jeudi au Mexique une tournée d'une semaine en Amérique latine, qui devait le conduire également en Argentine, au Pérou, en Colombie et en Jamaïque.Le secrétaire d'Etat est arrivé jeudi à Mexico après avoir donné, dans un discours à Austin (Texas), sa vision d'une Amérique latine «libre» et «prospère», par contraste avec le Venezuela «corrompu et hostile» de Nicolas Maduro. Tillerson devait rencontrer son homologue mexicain Luis Videgaray, jeudi soir, et le président Enrique Peña Nieto hier, avant de se rendre en Argentine. Devant les étudiants à l'université du Texas où l'ex-PDG du pétrolier ExxonMobil a fait ses études, Tillerson a estimé que 2018 était «l'année des Amériques», avec un sommet continental en avril au Pérou, le G7 au Canada en juin et le G20 des principales puissances de la planète en fin d'année en Argentine. Cette année, des élections présidentielles cruciales sont aussi prévues au Brésil, au Mexique et en Colombie, ainsi qu'au Venezuela, où Washington conteste la tenue de ce scrutin.
Le Mexique est justement l'un des alliés des Etats-Unis les plus secoués par l'arrivée à la Maison-Blanche il y a un an de Donald Trump, qui a promis de construire un mur anti-immigration à sa frontière méridionale, tout en réclamant davantage d'équilibre commercial avec son voisin.
Le président républicain a aussi mis un coup d'arrêt à la détente engagée par son prédécesseur démocrate Barack Obama avec Cuba. Mais Rex Tillerson, souvent chargé d'expliquer en quoi «l'Amérique d'abord» de Donald Trump n'est pas synonyme d'isolement, a tenté d'apporter une note d'optimisme. «Nous partageons des valeurs démocratiques, des valeurs qui sont au coeur de ce à quoi nous croyons, quelle que soit la couleur de notre passeport», a-t-il lancé. Il a souligné l'importante du commerce entre les pays américains, et le potentiel énorme de leurs réserves énergétiques souvent sous-exploitées. Mais il a aussi énoncé clairement ce que Washington voit comme des menaces à la liberté et à la prospérité. Comme Donald Trump mardi dans son discours sur l'état de l'Union, pour justifier sa ligne de fermeté sur l'immigration, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur la nécessité de combattre les gangs transfrontaliers et les cartels de la drogue - un sujet qu'il devait évoquer avec les responsables mexicains et colombiens. «La menace la plus immédiate à laquelle notre continent est confronté, ce sont les organisations criminelles transnationales», a-t-il estimé. «Dans leur quête d'argent et de pouvoir, elles sèment la mort et la destruction». Rex Tillerson a aussi longuement évoqué le Venezuela, devenu l'ennemi numéro un des Etats-Unis en Amérique latine. Sous la présidence de Nicolas Maduro, et avec la chute des cours du pétrole, Caracas est confronté à une vaste crise économique, sur fond de contestation politique et populaire.
«Le régime corrompu et hostile de Nicolas Maduro au Venezuela s'accroche à un rêve irréaliste, une vision datée de la région qui a déjà déçu ses habitants», a-t-il martelé. Rappelant les sanctions imposées par les Etats-Unis, le Canada et l'Union européenne, il a appelé l'Amérique du Sud à en faire autant. Mais si les principales puissances du continent rejettent le régime, elles restent prudentes par crainte d'alimenter encore la misère d'un pays déjà au bord du chaos.
Le ministre américain des Affaires étrangères a aussi mis en garde contre la présence croissante et «alarmante» de la Chine et de la Russie. «L'Amérique latine n'a pas besoin de nouvelles puissances impérialistes qui ne poursuivent que leur propre intérêt», a-t-il lancé, assurant que Washington veut être le «premier partenaire» de la région, «dans le but de faire progresser la liberté».
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