Son inspiration est un torrent impétueux
Amoureux de la langue française et des langues en général, Tiliwa Mohamed Saïd a une production foisonnante. Son écriture est percutante.
C'est un révolté dont le verbe acerbe caresse le poil, mais dans le sens inverse. Il le fait hérisser, il titille puis lâche la charge terrible des mots. Poète dans l'âme, Tiliwa Mohamed Saïd est né un 20 avril 1980. Une date, un repère et une histoire et tout le reste ne sera que sublime poésie qu'il décline car il a de qui tenir. Tiliwa est le pluriel de Tala (sources en tamazight). Saïd est le nom de son défunt grand-père qui appartient à cette catégorie de personnes qui ont érigé le travail, le sens du sacrifice et le mérite en doctrine. C'est à cette source que s'est abreuvé Saïd, notre jeune poète. Il aligne les vers sous la pression d'un torrent d'inspiration. Ses textes ou plutôt ses poèmes lui viennent presque comme une révélation. Ils coulent de source. «Ça vient tout seul, je ne peux pas l'expliquer!» dit-il. Très jeune il fut imprégné des oeuvres littéraires qui ont fini par façonner sa faconde. Rebelle et barde du présent il a du mal à contenir le volcan qui bout en lui. Aussi, couche-t-il par écrit, ses fréquents et puissants moments d'inspiration qui s'imposent à lui comme une évidence, mais également comme une alerte contre l'absurde. Il livre à sa manière une caricature de l'actualité, de la politique ou des thèmes historiques. «Ces textes ne sont pas tellement politiquement corrects. Ce sont des pamphlets satiriques, sans vouloir toutefois blesser ou atteindre quiconque. Ils sont ce qu'ils sont et j'assume ce que j'écris», reconnaît-il d'ailleurs. Son oeuvre souffre encore de confinement car l'auteur a choisi une sorte d'exil volontaire et s'est volontairement emmuré dans une sorte de marginalité. Aussi, ses vers bien que sulfureux ne dépassent jamais la ligne. Il arrive néanmoins grâce au concours de quelques circonstances favorables, à se révéler au monde. Ainsi en est-il lorsqu'il a décroché le 1er Prix de poésie radio culturelle 2016, lorsque son poème Balance a été distingué et dont voici l'intégralité:
Le passé, le présent ont planté tous les mots;
Pour la noble raison des paroles sans voix;
Ils ont écrit aussi au menu de nos maux;
Que la peine lisait les lignes de la joie;
Ces valets serviront le temps et le destin;
Un sens environ du début à la fin;
Un va-et-vient nourri par une frêle vie;
Un souffle qui suffit pour réchauffer un nid
Ces deux amis datent chaque jour allumé;
La bougie des songes, la nuit noire, fermée
Besace à vapeurs et convoie des regrets;
C'est à ces heures que le passé est secret;
C'est au creux de sa main que nous buvons sans fin;
Le breuvage des liens des enfants et des seins;
C'est sous le voile blanc que nous pouvons y voir:
Le passé remontant le chemin chaque soir;
Le passé et son pli, une lettre après tout;
Au présent on oublie les restes sur nos joues;
Nous oublions aussi le carré des matins;
Là où nos yeux avaient un rêve sous la main;
Le présent est le lieu où le silence brille;
Il attend sous le feu, il attend, il pourrit;
Il arrive selon nos prières jetées;Le bleu pour le beau temps, des cris de tout côté;
Le passé est un pont à relier deux points;
Le premier est devant le second est si loin;
Expliqué par la vie qui est ainsi faite;
Mais ce pont, il le sait, il est fait de têtes;
Le silence d'ici alarme nos voisins;
Si je pouvais pousser le temps avec ma main.
Tiliwa Mohamed Said est ami avec la modernité. Son outil de travail demeure l'ordinateur qu'il a toujours sous la main. «J'arrive à écrire sans même voir le clavier!», avoue-t-il en évoquant des éclairs de génie qui s'imposent à lui et qu'il matérialise en un temps record.
Ce sens inné de l'alexandrin mérite une plus grande notoriété, lui confie-t-on à chaque rencontre.
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Posté Le : 02/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim BENALIA
Source : www.lexpressiondz.com