Algérie

Tikjda-La montagne délivre ses secrets : Les canettes sont... « vertes »



Tikjda-La montagne délivre ses secrets : Les canettes sont... « vertes »
La radio persifle : 35 ° sur le Centre et plus à l'Est. Il fait chaud en ce mois d'été et l'humidité ambiante ajoute au malaise. Les vêtements collent et les auréoles de transpiration nettement visibles sous les bras me font pester contre la dernière publicité de déodorant qui annonçait : 24 heures de tenue. Le mensonge ! Il faut reconnaître que le déodorant est étranger, la publicité étrangère et que rien n'indiquait qu'il pouvait tenir même une heure en Algérie. Le mascara s'est écoulé et trace un pourtour noirâtre autour des yeux laissant croire à deux yeux aux beurre noir. Pour celui-là aussi, la publicité disait « waterproof » mais bon « waterproof » c'est pas « humiditéproof ». Quant au brushing, il a fait place à quelques frisottis, indomptables comme le veut la tradition estivale. Il est temps de se remonter le moral. De sortir de tout ce marasme d'odeur et de saveur mouillée. On prend sa voiture GPL et direction ' la mer ' Non, à bas les sachets en plastique dans l'eau et les canettes sur la plage. Non, direction la montagne. A la rencontre de sa fraîcheur, ses panoramas et ses fleurs.Tikjda, entre ciel et terreSortie de Bouira, chaude mais moins humide qu'Alger, les quelques kilomètres qui s'allongent jusqu'à la montagne de Tikjda se font sous des rayonnements de blé. Des allées d'oliviers apportent ombre et fraîcheur. Tikjda brille au fond, dressant un mur jusqu'au ciel. La dent du lion pointe haut et menace le soleil de quelques jurons. La fraîcheur est déjà là, ragaillardant les membres ankylosés par la chaleur. L'ascension vers la montagne est rocambolesque, offrant des paysages infinis. Tantôt une ouverture sur d'autres monts, tantôt une descente sur un lac bleu. Sur ces hauteurs, les joues deviennent roses et le rimmel s'est arrêté de couler. Même le brushing s'est refait une jeunesse. Les pentes sont douces lorsqu'on emprunte la nouvelle route qui laisse suffisamment de place pour laisser passer le véhicule sans risque de tomber de la falaise. Ça tourne et se retourne, les virages sont parfois serrés. L'ascension est encadrée par quelques pins et beaucoup de broussailles mais oh 'surprise ! Une nouvelle espèce pousse à Tikjda : les canettes de bière.Les canettes de bière « vertes »Des étendues entières de canettes de « bière ou de bouteilles en verre poussent » à même le sol. Après les parterres de romulées visibles plutôt au printemps, juste derrière les rangées d'arbustes et de lauriers rose, une nouvelle conception paysagère s'offre à nos yeux éberlués : les emballages. De bière s'il vous plaît ! Car le panorama s'offre peu au jus d'orange Rouiba visiblement. Et les concepteurs de ces nouveaux paysages d'emballages de bouteilles de bière ne se cachent pas de leur succès. Sur la pente ascendante, ils sont alignés face à un mont, en voiture, les portières ouvertes pour bénéficier de la fraîcheur. D'ailleurs cinq ou six voitures sont bien alignées parallèlement les unes aux autres, toutes le nez vers les paysages féeriques mais unies dans ce partage convivial de boissons fraîches. Ces amoureux de la nature ne font plus qu'un avec leur environnement, soucieux de laisser quelques empreintes dans la montagne pour retrouver leur territoire. Ils ont bien retenu l'histoire du petit poucet qui laissait des morceaux de pain pour retrouver son chemin mais qui se les était fait manger ! Eux laisseront des canettes de bière, sûrs de pouvoir retrouver leur route s'ils veulent revenir. Aucun risque de se les faire manger ! Enfin presque, puisqu'à quelque endroit perdu sur la route de Tikjda, des sites de décharges d'emballages de boissons ont été incinérés. Les gardes forestiers, sûrement. Dernier grand virage : un débit de boisson s'est installé en contrebas. Mais il a vu « vert » car son local est entièrement de rotin de bois.Enfin les cèdres !La route finit sa course sur les hauteurs de Tikjda à 1478 m d'altitude. Lalla Khedidja se dresse de l'autre côté, reconnaissable par ses courbes féminines et grasses à sa base. Son sommet est gracieux et tout en finesse. Lalla Khadidja fait penser à ces nus picturaux de la Renaissance où le modèle offre ses formes généreuses à la lumière du jour sans que le peintre n'ait omis de reproduire la finesse des chevilles ou des mains. Les cèdres, rescapés d'un furieux incendie, font leur apparition dans un mouvement accueillant d'hôte. Sous les branches lourdes d'épines en étoiles, les cèdres semblent plier parfois sous le poids de la lumière montagnarde. Les choucas, en bande, poussent des cris stridents qui résonnent entre les sommets. Noirs et imposants, ces oiseaux, qu'Hitchcock aura rendu célèbres dans son film Les oiseaux, sont seuls à perturber la sérénité ambiante. Cependant, malgré leur vol menaçant et leurs cris retentissants, la montagne de Tikjda a l'art de recevoir. J'ai oublié mon rimmel et mes frisottis et j'étais prête à recueillir tous les secrets que la montagne voudra bien partager.


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