Algérie - Revue de Presse

Tigzirt : L'île de la tentation



Chaque été, des milliers d'estivants visitent l'antique Iomnium et son îlot paradisiaque peuplé d'oliviers sauvages, de lentisques et de goélands. Traversée à bord d'une barque. Palma de Majorque, la ville espagnole la plus proche est à 240 km. La mer est quelque peu démontée en ce vendredi 18 juillet. Le temps n'est pas vraiment propice pour tenter la traversée. Au port de Tigzirt, six embarcations sont prêtes pour prendre le large. Des dizaines de personnes attendent le départ sous un soleil brûlant. Ils piaffent d'impatience pour monter à bord. Certains feront le trajet pour la première fois. « Ayaw l'îlot, quelques places et on démarre ! », crie à tue-tête un passeur occasionnel.On est six à prendre place à bord de la AL 5041. La barque propulsée par un modeste moteur tangue au gré des vagues. Nous n'avons ni GPS ni stock de vivres. Notre destination n'est pas loin. Il s'agit de l'îlot de Tigzirt que des milliers de vacanciers visitent chaque année avec passion. Pour 100 DA la place, le visiteur découvrira l'espace d'une journée toute la splendeur de la première merveille d'Iomnium, l'antique ville romaine. Une dizaine d'embarcations appartenant aux pêcheurs assurent quotidiennement la liaison avec l'île paradisiaque. Abdou Ouali est originaire d'Alger. C'est un habitué des lieux. Avec Billal, son inséparable receveur, il effectue une vingtaine de voyages par jour. « Cette année, il n'y a pas beaucoup de monde. Mais nous travaillons assez bien », dit-il. Stagiaire dans un institut de commerce, Abdou aimerait bien travailler comme pêcheur si on venait à lui accorder l'autorisation. Il sait que c'est un métier pénible. « Le matériel coûte excessivement cher. Un simple moteur est cédé à 15 millions sans compter l'essence, la pièce de rechange parfois introuvable sur le marché local, comment voulez-vous travailler dans ces conditions yarham babak ' » L'émigration clandestine, il n'y songe même pas. « C'est mieux dans mon pays. Je préfère moisir dans mon quartier à Alger que de risquer ma vie. »De fil en aiguille, il dit avoir été approché par des candidats à la harga, ici à Tigzirt, pour les transporter vers les côtes ibériques. M. Boudif, juriste de formation au chômage, assure la « ligne maritime » à destination de l'îlot depuis des années. Véritable boute-en- train, il ne manque pas d'imagination et d'humour pour distraire ses passagers. « Nous faisons de notre mieux pour donner une bonne image de la région aux milliers d'estivants qui choisissent Tigzirt comme destination. Au lieu de rester sur la plage, des familles préfèrent aller passer leur journée sur l'îlot. Des clients m'appellent chaque année au téléphone pour monter avec moi. Je n'encaisse jamais l'argent à l'avance. J'essaye d'arranger tout le monde, même ceux qui ne peuvent pas payer ». L'îlot Tigzirt N'dakhel se trouve au large, face au port. Certains le regagnent à la nage. De là, on a une vue générale de la ville de Tigzirt. Des vacanciers rencontrés sur l'îlot ne tarissent pas d'éloges quant à la beauté du site. Ici on débarque avec enfants et bagages pour une journée, loin du brouhaha ambiant et de la promiscuité de la plage. A chacun son passe-temps. Certains font trempette dans une eau limpide, d'autres rôtissent au soleil sur les rochers.Des jeunes jouent à la guitare à l'ombre des oliviers sauvages qui peuplent l'îlot. Tout autour vit une faune variée (goélands et autres oiseaux marins). Il y a aussi des pêcheurs à la ligne. Plus loin, une mère de famille prépare le barbecue sous le regard amusé et alléché de sa progéniture. Trois étudiantes maliennes, qui découvrent ce havre de paix pour la première fois, sont aux anges. « C'est un coin paradisiaque », font-elles remarquer. Il n'est pas rare de croiser des touristes étrangers dans les parages. Des Allemands, des Polonais, des Français et des Marocains y ont séjourné depuis le début de l'été.


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