Algérie

Tiguentourine, tourner la page



Pour une fois, même organisée, la fuite d'informations n'a pas eu lieu lors de l'attaque terroriste contre le complexe gazier de Tiguentourine. Il faut tout aussi admettre que cela a contrarié toute la stratégie habituelle de désinformation orchestrée par les parties impliquées dans un évènement déterminé, comme cela a été le cas lors des invasions toutes natures confondues de l'Irak et de l'Afghanistan, mais également du raid contre la dernière retraite de Ben Laden. Il est vrai qu'en ce qui concerne la fabrication d'informations les Américains ont fait leur cinéma, un cinéma tellement convaincant par les détails fournis que d'aucuns en sont arrivés à ne pas tarir de superlatifs, même sur les atrocités commises au cours des opérations. Les communicateurs de la Maison-Blanche allant jusqu'à évoquer un «travail chirurgical», et question mains d'or, il suffisait de faire la comptabilité des victimes laissées sur le carreau pour comprendre a posteriori la nature réelle de la boucherie.
Quoique le contexte n'étant pas le même dans la mesure où les forces internationales coalisées intervenaient dans des cas, qu'on le veuille ou non, internes aux pays concernés et donc gardant quelque peu leur souveraineté, même si la lutte contre le terrorisme où qu'il signe ses méfaits ne se suffira jamais d'états d'âme de rosière et encore moins de légaliste pointilleux.
La décision de l'Algérie de communiquer officiellement, après coup, sur l'agression du site gazier le 16 janvier dernier, ne doit pas être perçue comme une justification, loin s'en faut, mais comme la preuve palpable que la riposte des forces armées algériennes ne s'est pas faite sous le seul mot d'ordre de «Pas de quartier», le nombre de victimes ne devant pas être un objet de fixation même si la perte d'une seule personne demeure quoiqu'il soit éminemment déplorable. En tout état de cause, les responsables algériens ont fait le bon choix en agissant rapidement et de fait ont court-circuité toute velléité d'internationalisation de l'évènement qui était sans nul doute l'objectif des terroristes et pourquoi pas l'un des arguments massues, plus à tort qu'à raison, des pays dont les ressortissants étaient retenus comme otages pour s'inviter dans ce qui était loin d'être un conflit et qui risquait de le devenir si l'Algérie n'avait pas fait le choix de gérer un évènement, si l'expression était permise, presqu'ordinaire compte tenu de la répétitivité et surtout la banalisation des actes terroristes, voire de l'hégémonisme rampant des groupes au Sahel.
L'Algérie a tenu à marquer son territoire à travers une riposte dont elle n'avait à solliciter l'accord d'aucune partie et ceux qui en ont orchestré la stratégie avaient totalement raison de déclencher l'assaut éclair contre les assaillants sachant que, selon les propos tenus par Chuck Hagel, sénateur du Nebraska qu'Obama vient de désigner en qualité de Secrétaire à la Défense, les Etats-Unis se réservaient le droit «'d'agir unilatéralement si nécessaire» pour contrer toute menace terroriste. Il y a lieu de comprendre par là toute menace terroriste ciblant les intérêts américains, et si tant est que l'Amérique n'en avait pas d'énormes, financiers et à long terme s'entend, et donc, exception faite des otages, sur le complexe gazier de Tiguentourine, une intrusion dans le paysage aurait permis aux va-t-en-guerre du Pentagone de trouver des raisons à une présence de leurs troupes dans une partie stratégique de l'Afrique du nord, et une présence qui trouverait toutes les raisons de s'éterniser comme cela a été le cas en Irak et en Afghanistan, sachant qu'avec un pays totalement disloqué comme le Mali, les risques de propagation aux Etats limitrophes et leur déstabilisation fourniraient par excellence l'émergence d'un Sahelistan. Une aubaine pour bien des puissances dont le désir d'expansionnisme ne s'est jamais éteint et dont les dirigeants, considérant la crise financière internationale d'une part et les richesses naturelles dont regorgent cette partie du monde d'autre part, ne risquent pas de voir leur conscience peser le pour et le contre au nom de la lutte contre le mal pour le bien des peuples au secours desquels ils affirmeront voler.
En invitant la presse nationale et internationale a constater de visu l'état des lieux après l'attaque, les autorités algériennes tiennent surtout à démentir toutes les rumeurs qui pourraient circuler au titre d'informations destinées à la consommation de l'opinion internationale comme cela a été le cas depuis le raid terroriste contre le complexe gazier et jusqu'à son dénouement. Quoiqu'il en soit, les installations vont reprendre leurs activités et le retour progressif à la normale devrait se faire sans grandes et réelles difficultés par les ingénieurs, techniciens et travailleurs nationaux. Et c'est ce qui est sans conteste le plus important.
A. L.


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