Bien que contrôlé, l'humour algérien réapparaît avec éclat dès la fin de la guerre. «Il refait surface comme un enjeu politique, explique France Capon dans une thèse consacrée à l'humour algérien.Le pouvoir comprend rapidement qu'il peut devenir un espace d'affrontement et un moyen d'opposition. Il décide alors en quelque sorte de l'officialiser.» Avec l'indépendance, la télévision fait son entrée dans les foyers. Les programmes de divertissement sont axés sur la comédie, dans le prolongement de l'esprit insufflé par Mahieddine Bacheterzi et Rachid Ksentini au théâtre algérien. Aussi, les sketches mettent-ils en scène des personnages naïfs, inspirés de Djeha, qui découvrent la vie urbaine, ce qui permet de mieux en railler les dysfonctionnements. Mohamed Benchenneb qui dresse le portrait de Mahieddine Bachetarzi écrit : «Pour lui, l'homme de théâtre est marchand d'espoir pour ses compatriotes». C'est ainsi que se définissent bon nombre de stars de l'époque, ayant fait leurs armes auprès du grand maître de la comédie, tels que Hassan Hassni, Rouiched.
Tout en invitant les citoyens à se regarder dans un miroir, l'artiste de l'époque se devait d'être un éveilleur des consciences. «L'humour est féroce mais c'est un humour de service et au service du régime. Malgré certains essais pour affirmer son autonomie, il n'y arrivera jamais vu la censure omniprésente, même si officiellement elle n'existe pas», écrit France Capon. Dans la même veine, le défunt Aïssa Khelladi expliquera dans une thèse intitulée Rire quand même : «C'est le pouvoir lui-même, par sa volonté d'instrumentaliser l'humour de l'officialiser en quelque sorte, et de l'orienter contre ses adversaires, les réactionnaires et autres «suppôts de la bourgeoisie», qui va enrichir sa circulation et le doter de tous les moyens étatiques modernes ?télévision, théâtre, cinéma, journaux, livres?Humour «progressiste» souvent féroce mais humour de service au service d'une idéologie exclusive, celle du régime.
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Posté Le : 14/09/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amel Blidi
Source : www.elwatan.com