Algérie

Tiaret: Un Ramadhan «brûlant»!


«La viande à 1200 DA' Vous rigolez, à part dans mes rêves et à la télévision, je n'ai pas encore mis la main sur une seule livre», commente, un rien ironique, Kadi, président d'une association de consommateurs.Déjà huit jours depuis le début du mois de Ramadhan. « C'est fou comment le temps nous file entre les doigts », décoche Khaled, casquette bleu et blanc vissée sur la tête en supporter attitré d'Ezzerga. A Tiaret, les ramadhans se suivent et se ressemblent au point où le mois de tous les soucis sombre dans une affligeante monotonie. A part « l'actualité » quotidienne faite de longues journées en «mode veille » et de ripailles le soir venu, rien ne distingue ce mois du reste du calendrier annuel. Avec des températures clémentes depuis le début du mois de Ramadhan, les journées sont très longues et la ville paraît comme abandonnée par ses habitants.
Ce n'est que vers midi que les premières silhouettes avachies font leur apparition dans la ville pour vaquer aux besoins de la meïda du f'tour. Jeudi 30 mars, il est presque midi. Il y a foule à la « place rouge », indémodable bourse à ragots de la ville.
Le légendaire kiosque à journaux de feu Aâmi Boucetta, est parée en bleu et blanc. Toute la ville retient son souffle, la veille d'un match décisif du club-phare des Hauts plateaux de l'ouest la JSM Tiaret contre un concurrent direct le SC Mecheria, ex-aequo au classement. Outre les tickets d'accès au stade, des maillots, casquettes et autres fanions aux couleurs d'Ezzerga, sont proposés aux célèbres « Habache », considérés comme la meilleure galerie de tout le pays.
Mais tout le monde n'a pas le moral dans la ville de Djelloul Ould Hamou. C'est qu'il ya le feu sous le toit du marché couvert, rouvert récemment après une coûteuse opération de réhabilitation qui continue à faire jaser.
Si les étals sont bien achalandés à l'intérieur du marché couvert, la folle sarabande des prix donne le tournis au couffin de la ménagère… Jugez-en : de l'oignon qui nargue la banane, pour vendre sa peau à pas moins de 230 dinars le kilo, la tomate qui n'est pas descendue sous les 160 DA, la laitue à 140, les haricots verts à 450 DA ou encore ce fruit du pauvre, la pomme de terre entre 60 et 70 DA.
Au rayon des produits carnés, autant jeûner pendant les douze mois de l'année… Du poulet à 450 DA le kilo jusqu'à l'agneau à 2.600 DA en passant par la b?uf à 2.400DA, presque du jamais vu de mémoire de jeûneur. Pas la peine de parler des fruits de mer, puisque la sardine nargue le consommateur fauché du haut de ses 1200 DA le kg svp ! « Je connais parmi mes voisins, qui n'ont pas mangé de viande depuis le début du mois de Ramadhan », témoigne Djelloul, les yeux embués de larmes. Si l'huile de table est disponible, le sachet de lait l'est un peu moins, même s'il est vrai que la distribution a été améliorée depuis le début du mois de carême.
Après la rupture du jeûne, les rues de la ville restent anormalement calmes. A part une animation à peine perceptible après la prière des Tarawih, la ville se couche bien avant minuit. « Même les cafés et autres salons de thé sont peu fréquentés cette année », fait remarquer Khaled, un « chômeur longue durée » comme il se qualifie lui-même. Pour Malik, « c'est les personnes, issues des communes et villages voisins, qui font des déplacements jusqu'à Tiaret le soir rien que pour changer d'air et tremper dans l'ambiance des grandes agglomérations ».
Même la pâtisserie orientale est comme passée de mode : « rares sont les chalands qui viennent acheter du Kalb el louz à 50 DA/pièce et de la zlabia à 350 DA », admet un vendeur installé près du marché des fruits et légumes de la cité « Volani ».
Des veillées insipides
Du côté animation culturelle et artistique, c'est carrément le désert. A part quelques rares initiatives personnelles d'artistes locaux, c'est le silence radio. Victime du changement de l'ordre des priorités depuis plusieurs années déjà et reléguée au rang de cinquième roue du carrosse, la chose culturelle n'a plus droit au chapitre. La sécheresse culturelle qui sévit dans la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest oblige le jeune surtout à se contenter d'activités ou de hobbies occasionnels pour tromper l'ennui. C'est que les gens s'empiffrent de tout sauf de la nourriture de l'esprit…
Seule consolation peut-être, il est de coutume que l'animation nocturne de la ville de Ali Maâchi monte crescendo à l'approche de l'Aïd El Fitr, la fête qui pousse déjà plusieurs familles à faire les achats de vêtements pour leurs enfants.
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