Algérie

Tiaret : Misère et dénuement au douar Korrichi Hebib



Jeudi 27 février 2020. A dix kilomètres de Tiaret sur la route nationale 23 en allant vers Oran et niché sur un creux en descente à droite de l'ex-RN 23, se trouve la ferme Schmidt appelée après l'indépendance douar Korrichi Hebib.Pour la première fois depuis son existence, la population de cet important hameau voit défiler un carrousel de véhicules et à sa tête le tout nouveau wali de Tiaret.
Le choix de visite de ce douar n'étant pas fortuit. Quelques jours plus tôt, les habitants de la ferme Schmidt sont sortis manifester leur courroux pour avoir été marginalisés et vivant dans des conditions précaires non sans obstruer la route nationale 23 pendant toute une journée avant de se voir chassés manu militari par les forces antiémeute de la Gendarmerie nationale. Une fois à l'intérieur du douar, M. Derramchi a été attendu par la foule.
Chacun égrenait son problème : électricité, gaz de ville, voies de communication, eau, transport scolaire, habitat rural et? prise en charge sanitaire furent évoqués dans un brouhaha indescriptible. «Je comprends vos préoccupations et vos attentes, mais il faudrait qu'on s'entende sur le minimum vital», lâche-t-il et «en ordre de priorité», ajouta-t-il. En arpentant les dédales de ce no man's land, on débouche sur ce que les habitants appellent «l'AMG» ou centre de santé.
En fait, un cloaque indigne de l'espèce humaine. A l'intérieur, le décor est surréaliste. La salle de soins est un espace réduit de quelques mètres carrés délabré où l'on y a installé quelques instruments en face d'un petit réfrigérateur de fortune. L'infirmier qui fait office est resté en retrait et c'est une jeune fille qui est venue répondre aux questions du wali. Ici, pas de médecin, du moins dans l'immédiat.
Le responsable de l'EPSP a beau dire qu'«il existe trois médecins sous sa coupe», mais absents. Au sortir de ce minuscule bâti, la réalité dépasse hélas l'entendement. Questionné in-situ, le DSP explique que «le centre de santé est à la charge de l'APC, nous on ne fait que fournir le personnel médical et assurer la couverture médicale».
Plus en bas, un grand hangar qu'on appelle maison de jeunes. Même la grande porte métallique risquait de décliner et a été ajustée in-extrémis par un habitant. En mille mots comme en un, la situation est ubuesque et une phrase leitmotiv revient en aparté : «A quoi ont servi les milliards injectés dans le cadre du développement '».
Avant de connaitre la réponse, la situation reste relativement la même partout dans les autres douars visités ce jeudi loin du faste et des zerdas. En quittant la ferme schmidt, la population a vu fournir une promesse d'avoir l'eau?prochainement car quelques encablures plus loin, un projet de forage de 10 litres/seconde va être lancé. A Beni Louma, la foule surexcitée n'arrive pas à faire entendre ses messages mais certains ont été reçus : Le douar ne dispose pas de terres.
L'habitat précaire peut attendre à moins de «trouver des solutions» comme nous l'a soutenu monsieur Deramchi. Inutile de vous décrire la situation de délire qu'ont eu les villageois alors que la délégation s'apprêtait à quitter ce douar relevant de la commune de Rahouia. Le véhicule dans lequel se trouvaient les journalistes a fait l'objet d'attaque car les gens de Beni Louma le confondaient avec celui du wali.
Alors que le chauffeur fonçait pour disperser la foule agglutinée devant le véhicule, une voix nous parvient comme pour résumer la problématique du développement dans seulement deux des 42 communes de la wilaya : «Nous sommes enterrés devant un cimetière à ciel ouvert» et nous vivons la hogra. Le chef de l'exécutif pense lui que «l'Etat a fait beaucoup d'efforts et que les problèmes posés trouveront leurs solutions en concertation».
Il est à signaler que certains points de la visite ont été zappés (douar Ouled Rached entre autres.) alors qu'au centre-ville de Rahouia, les projets de piscine et de la réalisation d'une voie routière ont été inspectés.


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