Faute de temps pour les unes, à cause des
impératifs d'une «vie moderne» pour les autres, les ménagères tiarétiennes ne
passent plus, les derniers jours de ramadhan, le dos courbé dans leurs
cuisines, à la préparation des gâteaux de l'Aïd, comme le veut la tradition
bien de chez nous.
En effet, la plupart des familles rechignent
aujourd'hui, à cette «corvée» pour aller acheter des gâteaux préparés chez le
pâtissier du coin et les présenter le jour «J» aux convives comme des gâteaux
soigneusement préparés à la maison. Une «tricherie» pour Fatima qui voit dans
cette «mutation» dans les us et coutumes de la femme tiarétienne, plutôt un
«mauvais signe en ces temps où tout va si vite que la culture du «tout préparé»
est ancrée dans toutes les têtes» estime-t-elle. Pour El-Hadja Abadia,
rencontrée samedi dans un commerce en alimentation générale au centre de la
ville, «puisque tout est disponible aujourd'hui dans les commerces, et que tout
le monde peut acheter pour son argent ce qu'il désire, alors pourquoi se donner
de la peine à préparer des gâteaux de l'Aïd à la maison d'autant que personne
de nos jours n'étant capable de distinguer un gâteau acheté chez le pâtissier
d'un autre concocté à la maison». D'autres encore estiment que «tout est
question d'économie d'argent en ces temps où les dépenses sont insupportables
pour le commun des citoyens. «Acheter des gâteaux préparés revient moins cher
que les faire à la maison, avec les prix prohibitifs des ingrédients entrant
dans la préparation de ces friandises», souligne Khaled, un chef-cuistot dans
une société étrangère au sud du pays.
Les
tracas des uns n'allant pas sans faire le bonheur des autres, les pâtissiers
«étrangers» algérois pour les plus réputés, implantés sur la place de Tiaret,
en achalandant comme il se doit leurs vitrines astiquées, se frottent les mains
pour casser les prix et proposer une variété de gâteaux qui donne le tournis à
la ménagère, toute contente d'éviter une autre «corvée», à un moment où les
tâches domestiques et autres ne manquent pas à quelques jours seulement de la
fin du mois de ramadhan.
Pourtant, rétorque, la, mine «catastrophée» Djillali, la tradition
chez nous veut que la famille prépare dans la joie et la bonne humeur les
gâteaux elle-même, mais la facilité d'aller trouver des gâteaux de toutes
sortes et à tous les prix, chez son pâtissier du coin de la rue, attire les
femmes, elles aussi pressées et soucieuses de consacrer leur temps à autre
chose», se désole-t-il. Et alors que la fête de l'Aïd El Fitr n'est plus qu'à
une encablure, d'autres familles, plus nombreuses celles-ci, préfèrent dépenser
leurs bas de laine dans l'achat des habits de l'Aïd, auprès des commerces,
richement fournis et pris littéralement d'assaut ces derniers jours, à en juger
par l'encombrement des rues, surtout après les heures suivant la rupture du
jeûne.
L'ardeur commerciale constatée partout dans les magasins et autres
grandes surfaces, avec des marchés inondés de produits chinois et syriens notamment,
donne une idée sur ce que seront les tout derniers jours de ramadhan et la
folle course des retardataires pour dénicher des habits à leurs potaches, et le
risque de tomber sur une qualité moindre et des prix certainement plus «salés».
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Posté Le : 07/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : El-Houari Dilmi
Source : www.lequotidien-oran.com