Algérie

Tiaret : Entre scandales à répétition et gestion décriée



Fin octobre, Rabah Boutheldja, le président d'APC sortant à majorité FLN, mais non moins candidat à sa propre succession, a réuni certains de ses pairs élus, dont ceux avec qui il a pactisé, histoire de démontrer devant une assistance composite le bilan d'un mandat mi-figue, mi-raisin.Et pour cause, le court documentaire élaboré par la cellule de communication de l'APC a débuté avec l'aménagement du site de la mythique source de Aïn El Djenane pour une enveloppe de 4,6 milliards de cts, comme pour titiller la fibre sensible des Tiarétis dans une ville qui, en dépit des milliards engloutis, ne brille toujours pas de tous ses éclats, bien que jadis cité millénaire connue. Aïn El Djenane a certes rejailli, mais il subsiste des doutes quant à la potabilité de son eau et ce taux très élevé de nitrates qui risque de faire des dégâts.
Un mandat qui finit et un autre qui pointe. Les langues se délient et chacun puise dans son argumentaire pour tantôt glorifier et tantôt vouer aux gémonies des élus en manque de popularité, mais aussi d'imagination. Le documentaire qui retrace le bilan, élogieux du reste, de l'équipe aux commandes, une équipe formée de quatre formations politiques, n'a pas fait état des voix discordantes qui se sont élevées par moments pour décrire la non-transparence dans la gestion des affaires.
Ces critiques, le maire sortant les met sur le compte de «l'opposition systématique» car «croyez-moi, lâche-t-il, avec résignation, ce n'est pas facile de gérer une équipe de 43 élus, mais l'essentiel est d'être arrivé à bon port sans anicroches ni grands fracas dans les rangs». En 2017, soit dix années après le grand scandale lié à une affaire de détournement de deniers publics (gestion controversée d'une enveloppe de 54 milliards destinée à la préparation de la visite du président de la République) et qui a valu la prison à un ex-chef de daïra, le maire, des élus et des entrepreneurs, l'opinion publique locale est restée toujours sceptique quant à la conduite des affaires de la cité par des hommes toujours mus par l'assouvissement d'appétits voraces.
Ce n'est pas la règle, mais les différents scandales qui ont émaillé les derniers mandats sont là pour témoigner de l'impopularité dont jouissent certains candidats, dont ceux qui ont fait de la transhumance politique leur credo. Tiaret, qui avait obtenu depuis de colossales enveloppes financières pour résorber ses retards, s'est enlisée ensuite dans les méandres de la corruption, comme en témoignent des procès en cascade. Le plus retentissant, resté flou jusqu'à nos jours, est celui d'un influent directeur de l'exécutif en liberté. Tiaret continue paradoxalement à souffrir d'une chronicité liée à l'instabilité des différents staffs sur fond d'accusations et retraits de confiance mutuels.
Grande désillusion
La dernière mandature, marquée par une sorte de répit, n'a pas pour autant permis un saut qualitatif en matière de salubrité publique ni gagner en espaces publics. Idem pour les recettes communales, en deçà des espérances, car la gestion du patrimoine s'est faite sans le sommier de consistance, «mal ficelé», selon le maire sortant.
Sous la houlette de Bentouati Abdeslam, l'on s'est résolu à créer une Epic chargée de la gestion des déchets ménagers, de l'éclairage public et même des espaces verts avec un capital initial de 70 millions de dinars. Ça fait rogner quelque part, mais l'APC a quand-même de quoi s'occuper pour améliorer le quotidien des citoyens. La tentative d'externaliser une partie du service de nettoiement au profit de la concession au privé a tourné court, en dépit, là aussi, de colossales sommes d'argent dépensées par l'APC.
Les citoyens en ont marre et ils le disent haut et fort. Le développement aurait dû passer par l'agriculture comme alternative à la rente pétrolière, alors qu'on tablait sur l'industrie naissante (EDIV-Aïn-Bouchekif, l'usine TMC-Hyndai et la future raffinerie, entre autres) alliée à la promotion d'investissements privés, peu nombreux du reste, mais prometteurs, quand on sait que le chef-lieu de wilaya est concerné par l'implant d'une seconde zone industrielle.
Pas moins de 530 milliards ont été dégagés pour son aménagement. Des structures de loisirs sont tout aussi prévues, mais les lenteurs bureaucratiques semblent avoir de beaux jours devant elles. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, lors de sa visite pour la présentation de condoléances aux deux policiers morts en héros lors de l'attaque du 31 août passé, a dû se résoudre à doter Tiaret de 351 milliards de centimes pour atténuer les laideurs et permettre à cette cité millénaire de résorber certains retards.
Dix-sept fiches techniques pour divers secteurs ont été élaborées et finalisées. La wilaya étant cataloguée comme ville des MTH (maladies à transmission hydrique) à l'orée des années 2000 et l'enregistrement en 2001 de 800 cas de fièvre typhoïde et le décès d'une dame, les élus voudraient à travers l'aménagement de Aïn Djenane redorer un blason terni.
Mais voilà qu'on reparle en 2017 de la reprise de tout le réseau d'assainissement de la ville, car, à la vétusté de certaines installations, des points noirs liés aux cross-connexions sont à craindre. Des progrès ont été certes réalisés en matière d'infrastructures de base, mais l'essentiel a été occulté par certains responsables, alors que l'embellie servait des projets inutiles et aux relents de gabegie, à l'exemple du centre commercial en sous-terrain dans l'ensemble urbain Le Regina Mohamed Boudiaf et fait dire à un cadre que «Tiaret a raté le train du développement».
Les fameux escaliers qui faisaient sa fierté sont abandonnés. On n'y a pas pensé quand l'argent coulait à flots pour restructurer l'armature urbaine. Ses artères négligées et son marché couvert n'est que ruine.


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