Tiaret - Dolmens de Mechraâ Sfa : Enigme archéologique

Méconnus du grand public, étudiés depuis plus d’un siècle et demi, les dolmens nord-africains ne cessent de poser des énigmes aux archéologues et experts, bien que les générations aient déjà, tour à tour, tenté de les résoudre.

Le site de Mechraa Sfa tire son nom de la ville de Mechraa Sfa, située à environ 25 km de Tiaret. Il fut relevé par Stéphane Gsell (archéologue, spécialiste de l’Afrique romaine) dans l’atlas archéologique de l’Algérie ; la feuille de Tiaret comportant une trentaine de points de localisation toutes périodes confondues.
Le site se présente sous l’aspect d’un plateau avec des ondulations assez douces dans l’ensemble, culminant à plus de 500 mètres d’altitude. Il est extraordinairement caractéristique, on y trouve plusieurs abris sous roche sur les rebords de la berge et on y observe plusieurs murailles pour barrer l’éperon dont le but est de protéger le plateau. Sur les collines qui bordent les deux rives de l’oued Mina, on trouve de nombreux tombeaux tronconiques (qui constituent un tronc de cône) de 4 à 6 mètres de diamètre que les archéologues appellent bazinas.
Le site de Mechraa Sfa a fait l’objet de plusieurs mentions et notes, il semble que le premier à l’avoir cité soit Paolo Tommasini, en 1880, sur la base des rapports des brigades topographiques, dont d’autres comptes rendus furent rendus par des archéologues de l’armée française qui ont décrit et étudié les nécropoles mégalithiques de Mechraa Sfa très brièvement.

Quatre nécropoles

En 1883, L. Demaeght rapporte que le commandant Derrien, officier archéologue du génie militaire français, a pratiqué des fouilles dans l’un des tombeaux de la nécropole et a découvert un squelette couché sur le dos, ce sont les seules fouilles pratiquées sur le site.
D’autres archéologues n’ont signalé le site de Mechraa Sfa qu’en 1887 comme Cadenat et Pallary, Camps en publiant des plans de monuments de la nécropole de la rive droite, plus tard il ont donné une bonne description avec un plan sommaire de l’éperon. Seul Gabriel Camps (pied noir, préhistorien, spécialiste de l’histoire des Berbères) a pu faire une bonne description et une étude complète sur la nécropole, depuis aucun travail de prospection ou de fouille n’a été entrepris.
L’éperon est généralement orienté ouest-sud-ouest et est-nord-est, les matériaux de construction abondent sur le site, principalement les grandes dalles plates, débitées sur place par les constructeurs des monuments funéraires. Le site offre une protection naturelle qui a permis une occupation humaine assez importante depuis la préhistoire, d’où la présence d’une industrie lithique assez importante dans les abris remontant aux civilisations épipaléolithiques. Gabriel Camps signale quatre nécropoles différentes avec des monuments de formes diverses, dolmens, tumulus, bazinas, caveaux surélevés.
L’ensemble du site de Mechraa Sfa possède quatre nécropoles bien distinctes dispatchées sur un éperon barré constitué par des murailles au nombre de cinq, ces dernières barrent l’éperon perpendiculairement à la ligne de crête, dont la première mesure 120 mètres (actuelle), et dont les matériaux employés sont importants.
La seconde muraille est localisée à 120 mètres de la première, elle est considérée comme la plus importante en raison de la masse des matériaux avec lesquelles certaines pierres sont taillées. La troisième muraille, la plus conservée, est constituée par des pierres parfaitement taillées et bien agencées, avoisinant 80 mètres. La troisième muraille est constituée par des matériaux assez petits et frustes, elle divise la nécropole en deux parties, dont la plus à l’ouest comporte environ 45 monuments funéraires et celle de l’est 6 tombeaux. La cinquième et dernière muraille, très éboulée, se trouve peu après la première courbure de l’oued Mina.

S. M. N.