Algérie

Tiaret : Ces enfants qui n'ont pas droit aux vacances


Ils n'ont pas le droit aux vacances comme les autres enfants de leur âge, devenus adultes avant terme, ils triment comme des forcenés: ce sont ces chérubins, vendeurs à la criée de pain maison.

«Rôtis» par un soleil dardant, et parcourant jusqu'à vingt kilomètres par jour, Khaled, Imad ou encore la petite Malika s'époumonent à chaque coin de rue pour proposer un matloùe ou un «pain volcan» à des clients pas toujours réceptifs à l'ahanement de ces mioches portant des sacs en plastique pesant jusqu'à quinze kilogrammes. Pas plus haut que deux pommes, Khaled parcourt par des températures infernales les quatre coins de la ville pour proposer du pain maison «croustillant et à bon marché», crie-il à tue-tête à l'adresse de «ses» clients mi-séduits, mi-réticents. Habitant au populeux quartier de Oued Tolba dans la périphérie sud de Tiaret, Khaled nous dit trimer jusqu'à dix heures par jour pour aider son père au chômage depuis neuf ans. Scolarisé en quatrième année primaire, le petit Khaled n'a jamais eu le droit de prendre des vacances.

«Je rêve de piquer un plongeon quelque part sur une plage du pays», soupire-t-il sous le regard fatigué de son petit ami d'infortune, lui aussi vendeur de pain maison. Dès les premières lueurs de la matinée, des processions d'enfants pas plus hauts qu'une baguette proposent du pain frais et chaud à raison de vingt dinars pièce. D'autres mioches s'esquintent les reins à transporter du pain rassis jusqu'à deux fois leur poids. Parcourant eux aussi de longues distances, ils se déplacent jusqu'aux confins de la ville pour vendre aux éleveurs à vil prix du pain rassis, récupéré de chez les ménages ou même dans les poubelles. Des enfants portant sur leurs épaules frêles des «fagots» de déchets métalliques en tous genres est un spectacle quotidien. A la vue de ces bambins exploités comme des «nègres», certains par mauvaise conscience détournent le regard. D'autres se posent la question à qui ces mioches pourraient-ils vendre ces déchets et à quel prix. Mais le «boulot» auxquels tous les enfants tiaretis participent tous les jours que Dieu fait, c'est bien sûr le chemin en aller-retour jusqu'à Aïn El-Djenane et autres points d'eau pour transporter des jerricans trop lourds pour leurs épaules trop chétives. Ainsi est le quotidien des enfants qui n'ont droit ni aux vacances sur la grande bleue ni même à une vie comme celle des autres enfants de leur âge.




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