Algérie


Les prémices de la colère La ville de Tiaret a failli basculer dans le tumulte et la violence à la suite de l?augmentation unilatérale des prix du transport public urbain. Le mouvement de protestation spontanément déclenché, une fois la foule arrivée au niveau de la direction des transports, a pris une nouvelle tournure. D?autres revendications sociales avaient été prononcées par certains protestataires après que la directrice des transports situa la donne de ces « augmentations du ressort exclusif des transporteurs privés », bien que des solutions médianes aient été avancées. Certaines vérités ont même été dites sur le rôle de certains fonctionnaires de cette administration qui tiraient avantage de cette activité. Crûment. Devant le siège de la wilaya, la foule de jeunes surexcités, que les services de sécurité estimèrent à 500 personnes, faisait entendre des mots tout aussi durs pour décrire la misère qui frappe des pans entiers de la société, alors que les pierres pleuvaient à torrents. Il a fallu aux protestataires une rencontre avec le secrétaire général de la wilaya pour que certains esprits se calment, mais au moment où d?autres, au paroxysme du délire, égrènent d?autres maux dont souffre la société, notamment les jeunes, on ressort les problèmes liés au chômage et des dossiers CNAC, du logement et son corollaire, les expulsions décidées dernièrement par l?OPGI pour assainir le secteur. Même les évènements de Torrich, à 11 kilomètres du chef-lieu, furent évoqués. Evènements pour lesquels la justice venaient de trancher en condamnant collectivement neuf personnes à six mois de prison ferme et la relaxe pour seize autres, pour la plupart des gens d?un âge avancé. Le constat est amer. Il l?est encore d?avantage face à l?absence d?élus, de représentants de partis et surtout de ceux affublés du titre de membres de la société civile. Pourquoi on en est arrivé là ? Sans prétendre donner des réponses, il ne faudrait pas être un grand clerc pour constater que le vide est sidéral. Disons qu?il y a absence manifeste de communication. Les rapports administration/citoyens sont travestis par la présence de pseudo-représentants du peuple, de quartiers, voire de corporations. Il y a moins d?une semaine, on l?a constaté aux portes de l?université quand les étudiants sont restés sourds à l?appel d?une organisation estudiantine, même si cette dernière était mue par l?intérêt général de l?étudiant, qu?il soit d?ordre social ou pédagogique. En face, c?est lamentable. Des structures universitaires qui, de l?avis même du DOU installé récemment par le ministre, auraient à la base « un encadrement non qualifié. » Hier, il régnait à Tiaret une ambiance sereine à l?annonce du gel de la décision portant augmentation de 100% du prix des transports, mais qui préfigure un malaise latent que la société sécrète de ses propres tréfonds.


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