Théorie de la banane flambée

Le bonheur c'est l'argent et la crise c'est le manque d'argent, ainsi s'expliquent tous les problèmes de l'heure en Algérie depuis que le pétrole a décidé de se vendre pour pas cher. Mais au moment où l'on parle du limogeage du gouvernement pour son inefficacité multisectorielle, un expert économique originaire de Sidi Rkhiss a trouvé la solution. Pour lui, la méthode repose sur deux facteurs, l'absurdité des circuits économiques internationaux et l'amour immodéré des Algériens pour la banane. Il préconise d'aller d'abord à la Banque centrale pour imprimer des dinars encore plus qu'il n'en faut. Ensuite, annoncer la convertibilité du dinar, l'adhésion de l'Algérie au dogme libéral international et l'ouverture d'une ambassade d'Israël à Alger.Le soir même, acheter des tonnes d'euros et le lendemain, acheter avec cet argent des milliers d'hectares de terres en Europe pour y faire planter des bananes sous serre par des sans-papiers algériens. Le soir même, annoncer la fin de la convertibilité du dinar en accusant l'incompétence de Ouyahia, et la fermeture de l'ambassade israélienne en mettant en cause un abus de drogues douces par Messahel. Ensuite, vendre une partie des bananes sur le marché international et offrir le reste gratuitement aux Algériens d'Algérie pour les calmer. Le dinar ayant été fortement dévalué à cause de la convertibilité momentanée, racheter des dinars pour pas cher avec l'argent récolté de la vente des bananes et faire ainsi remonter son cours. Enfin, brûler la Banque centrale pour affoler la population, qui va se mettre à chercher et stocker des dinars, et rouvrir le dinar à la convertibilité, ce qui va faire encore remonter son cours en interdisant à tout Algérien d'acheter des produits de consommation en une autre monnaie que le dinar, surtout les bananes. Résultat, l'Algérie n'aura rien dépensé à part l'encre et le papier des billets, aura gagné de l'argent et des terres, fait remonter sa monnaie et inondé la population de bananes. Le bonheur.