Une coopérative théâtrale oranaiseen tournée à Béjaïa et une pièce quia « marché » avec le public.
Al'invitation de la direction du théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa, la troupe oranaise L'Atelier El Bahia s'est éclatée, en mimes et répliques, en faisant également éclater de rire un public clairsemé qui a eu le bonheur d'assister à une représentation des plus conviviales. Sous la direction de Saïd Bouabdellah et du metteur en scène Adar Mohammed, les deux actrices, Malika Youcef et Wahiba, ont tenu la scène pendant plus d'une heure, la première dans le rôle de Chadlia, femme traditionnelle au foyer, la seconde dans celui de Yamina, jeune fille moderne. Le thème, on le devine, est celui d'une confrontation entre les traditions (horma et hchouma) et la modernité (liberté et volontarisme).Le metteur en scène ne s'est pas tenu au formalisme. Il ne s'attache pas à de vagues considérations, mais au rapport actif qui s'établit entre le public et la scène sur des sujets tirés du réel. La pensée ne se meut pas sur le plan de l'abstraction dramatique mais sur la fonction sociale, directement perceptible à travers le contenu, les idées de la pièce, le langage de la rue, dans une atmosphère toujours chauffée, quelquefois pathétique, de sentiments joliment balancés par des vérités connues de tous.Chadlia, la femme voilée ne se laissera pas conter par Yamina, la fille moderne qui n'est même pas capable de donner un garçon alors qu'elle a accouché de deux filles. Honte à cette femme incapable Le sens de l''uvre est exprimé par son humanité et son actualité. Entre les deux femmes, le conflit de générations est étalé dans un dialogue ininterrompu où, passé et présent apparaissent en filigrane à travers leurs personnalités scéniques sur des sujets de circonstances : l'amour de l'autre, le respect de chacun. Dans « Yamina », tout est disséqué, retourné dans tous les sens, s'agissant entre autres, du « souk » des femmes à propos des hommes et aussi des jalousies, jamais dites mais devinées.Les deux comédiennes s'en sortent à merveille dans ce moment de vérité qu'est le théâtre. Elles se sont données avec beaucoup d'intensité et une vigueur d'autant plus grande qu'elles restent longtemps en scène. L'humanité des deux personnages, leur rôle social, leur sens par rapport à la pièce resteront vivants dans l'esprit des spectateurs. Il faut signaler le savoir-faire imaginatif du metteur en scène, le décor subtil et le jeu scénique des actrices, Malika Youcef, fougueuse et expérimentée et Wahiba, étudiante de Sidi Bel Abbès. La coopérative théâtrale L'Atelier el Bahia, ainsi que toutes les petites troupes autonomes, mérite une attention des institutions afin que les artistes se consacrent plus à leur art qu'aux sempiternels problèmes matériels et de déplacement qui découragent plus d'un. Car s'ils réussissent à produire, ils ont besoin de produire plus et mieux.
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Posté Le : 12/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abderrahmane Zakad.
Source : www.elwatan.com