Algérie

Théâtre universitaire : « Le père » d'August Strindberg au goût des Oranais


Honnêtement montée par le département théâtre de l'université Senia d'Oran, la pièce théâtrale « Le père » a beaucoup plu au public présent dans la superbe salle rouge du Théâtre régional d'Oran. Jouée en langue arabe algérien avec une déclinaison vers un comique bien de chez nous, l''uvre du célèbre dramaturge suédois a surtout permis aux étudiants interprètes de jauger leurs talents d'acteurs. Des talents indéniables qu'il s'agit de fructifier d'autant plus que les structures culturelles actuelles, officielles et non officielles, éprouvent régulièrement des difficultés à étoffer les distributions des projets théâtraux. En quelques mots, l''uvre de cet écrivain du Nord de l'Europe ayant enjambé deux siècles déterminants dans la marche de l'humanité - né le 22 janvier 1849, il décéda le 14 mai 1912 -, raconte les déboires de l'homme prisonnier dans sa relation de couple. L'homme jaloux de sa femme aux prises avec les difficultés du couple. L'homme mûr aux prises avec les doutes nourris par la vie à deux, la vie et ses déboires, la vie et ses trahisons multiples. Il n'en fallait pas plus pour trouver quelques similitudes avec les bouleversements que connaît notre société actuelle en transition chaotique. Ce sont ces « parentés évidentes » dans la difficulté d'atteindre le juste milieu ou plutôt le compromis nécessaire, qu'ont essayé de montrer et démontrer Kaddour Djeddi, l'enseignant metteur en scène et ses étudiants en art dramatique, sur la scène Abdelkader Alloula. Même si la pièce originelle a gardé l'essentiel de sa structure initiale, il n'en demeure pas moins que la sensibilité des comédiens oranais est parvenue à insuffler à la représentation un cachet national et un parfum local qui ne manquaient pas de pertinence.Dans cette appropriation-adhésion, il y avait, bien sûr, l'outil linguistique ; mais, aussi, surtout, d'heureux encrages patrimoniaux en la présence remarquée de pans culturels biens implantés dans notre humus social et ce sont ces référents identitaires qui ont permis à cette tragédie, écrite pendant une période qui n'est pas la nôtre et pour d'autres publics, de passer la rampe sans encombre. Ceci dit, il reste entendu que ce produit culturel honorable de fin d'année gagne à être mieux travaillé, notamment dans ses aspects de jeu de groupe, de rythme et de tempérament de personnages. Les comédiens sont par endroits plus bavards qu'interprètes ; ce qui dessert le sens souhaité. Travailler sur un texte allégé de son côté sentencieux en exigeant plus de formules percutantes, de jeux collectifs, plus de vivacité (et de justification) dans la manière de se déplacer sur scène, permettrait, à coup sûr, un emballement plus approprié à une histoire qui se veut proche de nos préoccupations, une histoire d'essence humaine qui impliquerait de manière équitable l'ensemble des protagonistes de la scène. Jouer individuellement, pour montrer ses capacités créatrices, est bon à condition de donner à temps la réplique et la tension qui va avec. Chez les étudiants du département théâtre, la pâte existe, elle est même de bonne qualité, notamment chez les jeunes demoiselles d'un naturel désarmant par endroit. Il ne reste qu'à la fructifier d'autant plus que tout le monde est demandeur, à commencer par les théâtres régionaux qui souhaitent voir plus de monde frapper à leurs portes. Tout le monde en sortira gagnant.
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