La restauration de la bâtisse a atteint sa vitesse de croisière
La bâtisse du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès fait partie désormais du plus bel ouvrage architecturel de la ville et peut se targuer de faire bonne figure en tant que patrimoine universel.
Conçu dans une vision qui a tout de l’opéra de la Scala de Milan, ce bâtiment a connu plusieurs réaménagements depuis le début du siècle dernier et le dernier en date s’est réalisé en 1935 sous la férule du maire de l’époque, Paul Bellat. On peut dire que l’ambition était grande puisque ce maire était lui-même un poète et donc, il aura mis le paquet pour donner à la ville un édifice digne de ce nom. D’ailleurs les «anciens» se souviennent que cet endroit était reconnu mondialement. Ainsi, il a vu se produire des troupes musicales de renom, des danseurs, des hommes de théâtre pour n’en citer que les plus célèbres. L’on aura ovationné la troupe nationale d’Egypte sous la conduite du grand Youssef Wahbi avec l’œuvre la plus marquante alors «Les enfants des rues», la troupe d’Alger avec Bachtarzi, Rachid Ksentini et Allalou dans ses pièces qui ont fondé le théâtre algérien notamment la plus applaudie, «Djouha» ou encore la plus satyrique «Fakou!». Sans parler du fameux récital d’Edith Piaf, dont la venue a vraiment émue toute la population. Tout en notant que l’instant historique ajoutait une tension dans la mesure où le rapport colon-indigène allait être bouleversé par la Révolution du 1er novembre. On en connaissait les prémisses à travers le boycott de l’administration coloniale à l’endroit des troupes musulmanes. L’activité n’en continuait pas moins de remplir la salle. On disait déjà que Sidi Bel-Abbés était le chemin incontournable du spectacle tant sa renommée arrivait jusqu’en Amérique latine, illustrée par le passage du grand Perez Prado et sa formation de Salsa, Cha-Cha-Cha, de Meringue, de la Rumba, autant dire, soleil et cocotier.
Après l’Indépendance, on continuait sur la lancée jusqu’à la décentralisation des théâtres et l’installation de la troupe de Kateb Yacine, qui reprit le flambeau et permit la naissance d’un répertoire appréciable dans un décor, une scénographie de la bâtisse, une tonalité avec façade jaunie par le temps qui offrait plutôt au paysage un aspect de musée vivant.
En fait, la restauration est devenue nécessaire au fil du temps et l’intervention du ministère de la Culture a bien fait de passer à l’action pour préserver ce beau site qui embellit le centre-ville et son entourage. Actuellement, les travaux sont avancés et la bâtisse connaît un toilettage de fond en comble, de l’intérieur comme de l’extérieur en essayant de protéger l’image originale, sans toucher au concept premier mais en réhabilitant l’aire tout en apportant à la construction plus de solidité et de vigueur. Il faut dire que la relance qui s’opère depuis quelques années tombe à pic pour que la «nouvelle peau» du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès entre dans une phase de créativité tous azimuts, d’autant que la troupe honore l’Algérie au festival international du Caire. Espérons que l’habit puisse ressembler au langage théâtral et nous produire de belles œuvres.
Ahmed Mehaoudi
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Posté Le : 21/10/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com