La générale de « Ali Eraâd » (Ali le tonnerre), un monodrame social sur la précarité d'une jeunesse vivant dans le désarroi et réduite aux abois, a été présentée, jeudi dernier, à la salle El Mouggar à Alger, dans le rire et la dérision. Ecrit et mis en scène par Youcef Taouint, le spectacle, d'une durée d'une heure, plaide pour une meilleure prise en charge de la jeunesse, avec le souci majeur d'avoir une formation à la base pour se prémunir contre les aléas de la vie. Ali Eraâd, campé par Belmadani Billal, est un jeune blasé, poursuivi par la malchance, vivant dans le rêve de partir à la recherche d'un ailleurs qui puisse lui assurer l'élémentaire et lui garantir un minimum de vie décente. A chaque tentative de départ, organisée pourtant de manière légale et irréprochable, le spectre de la malchance le suit comme une ombre froide, lui faisant avorter ses projets. Désespéré, vivant son rêve dans ses cauchemars, il tente de partir dans une embarcation d'immigrés clandestins, alors qu'il a un visa en bonne et due forme. Une fois de l'autre côté de la mer, il rencontre « Dahmane El Fantôme » avec lequel il va découvrir le calvaire et la misère qui le poussent à basculer dans la délinquance et le banditisme, jusqu'à son expulsion. Sur une scène nue, la puissance du texte, soutenue par de vieux adages populaires, et la bonne direction d'acteur ont permis un jeu plein et une bonne occupation de l'espace scénique. Belmadani Billal a été au fait des différents personnages interprétés, portant le texte de manière remarquable, avec une gestuelle et des mouvements en harmonie avec les situations à rebondissements qui se sont succédé. La trame, évoluant dans un rythme ascendant, a retenu l'attention du spectateur, le faisant basculer entre le rire et la dérision d'une part, et la gravité du problème posé de l'autre. Pointant du doigt les « manquements commis à l'endroit de cette jeunesse qui refuse de se perdre », le metteur en scène explique qu'il « a posé le diagnostic d'un mal qui ronge la société à la base ». L'éclairage a contribué à la création d'atmosphères adéquates à l'évolution des évènements, au même titre que la musique qui a ponctué les passages les plus pertinents, à l'instar de « Ya Rayeh » du regretté Dahmane El Harrachi. Organisé par l'Office national de la culture et de l'information (Onci) et produit par le Mouvement théâtral de la ville de Koléa (MTK), le spectacle « Ali Eraâd « a été programmé hier pour une deuxième représentation au même endroit.
Posté Le : 13/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : APS
Source : www.horizons-dz.com