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Théâtre : la troupe Le Masque Bleu envoûte Perpignan Mostaganem : les autres articles



Théâtre : la troupe Le Masque Bleu envoûte Perpignan                                    Mostaganem : les autres articles
La trilogie «Avant Théâtre» du dramaturge Mostaganémois Ould Abderrahmane Kaki est fortement inspirée de l''uvre de Constantin Stanislavski.
Conduite par H'mida Belalem, l'association «Le Masque Bleu» vient de donner deux spectacles de la pièce «Filet» de Kaki, à Perpignan, à l'invitation de l'association France Algérie. Ecrite durant la guerre d'Algérie, la trilogie «Avant Théâtre» du dramaturge Mostaganémois Ould Abderrahmane Kaki est fortement inspirée de l''uvre de Constantin Stanislavski. Articulée autour des pièces «Filet», «Voyage» et «Cabane», on y retrouve tous les ferments de la révolte et du théâtre de rupture. Usant d'un décor totalement épuré ' un simple filet sépare les spectateurs de la scène ' Kaki montre un univers sombre, angoissant, étouffant où la parole est tantôt parcimonieuse, tantôt bâillonnée et où la chorégraphie vient suppléer un décor entièrement dénudé.
Une mise en scène qui rend parfaitement compte de la souffrance humaine face à un oppresseur invisible mais paradoxalement omniprésent. A la pantomime originelle qui avait conquis le public de l'Olympia lors de sa présentation en 1964, H'Mida Belalem introduit des images du patrimoine pictural universel d'où perlent l'oppressant enfermement et l'insoutenable souffrance humaine. Un fond sonore accentue l'ambiance que les comédiens parviennent à atténuer par une ample gestuelle et une sublime chorégraphie qui laissent deviner l'insoutenable effort.
La salle garnie avec un double carré de chaises bleues est magnifique. Comme convenu, le maire accompagné de Fatima Dahine, chargée des sports à la mairie de Perpignan, fait son apparition. Les retrouvailles sont empreintes d'une profonde émotion, d'une grande générosité et d'un indicible bonheur. Dans le public, Jean-Marc Palma, le Mascaréen, n'était pas venu seul. Il a eu la bonne idée de se faire accompagner par Jean-Pierre Barbe, le guitariste de Daniel Guichard, et Michel Sardou. C'est face à ce parterre de choix que la troupe hyper motivée entre en scène. Du fond de la salle, René Ruiz, le très discret mais terriblement efficace gestionnaire de la Maison de l'Etudiant, ne rate pas le moindre souffle.
Durant une grosse partie de l'après-midi, il a travaillé d'arrache pied avec le metteur en scène afin de coordonner la diffusion de la musique ainsi que les images qui accompagnent le spectacle. Une caméra HD est mise à l'épreuve afin d'enregistrer le spectacle. Jouée à travers la France durant les premières années de l'indépendance, la trilogie de Kaki a été agrémentée des techniques les plus actuelles du théâtre moderne.
Les encouragements du maire de Perpignan
Une musique léchée et en parfaite harmonie avec la chorégraphie, des images inspirées pour la plupart du patrimoine universel, le «Filet» de Belalem est une pièce accomplie. Jouée par des acteurs motivés et parfaitement concentrés, elle aura séduit le public catalan. C'est avec beaucoup d'égards qu'à la fin du spectacle, le maire et ses proches monteront sur scène pour saluer la performance des acteurs et féliciter le metteur en scène qui a tant fait pour que le 4ème art mostaganémois soit digne de ceux qui, à l'image de Kaki et de Djilali Benabdelhalim, lui ont donné ses lettres de noblesse. Nul doute que cette incursion en terre catalane restera à jamais dans les mémoires des jeunes acteurs. Ce n'est pas sans raison que, prenant la parole, Jean-Marc Pujol fera part de son admiration. Il sera vite rejoint par Jean-Pierre Barbe et Jean-Claude Palma qui ne tariront pas d'éloges.
Cette consécration de Perpignan devrait naturellement ouvrir de nouvelles perspectives pour la troupe du «Masque Bleu» de Mostaganem. Ayant fait le difficile choix de jouer cette mythique pièce de Kaki, H'mida Belalem et sa jeune troupe ont fait montre d'une audace certaine. Pourtant, au départ, rien n'était facile pour eux. Surtout que le metteur en scène s'est appliqué à l'enrichir avec des insertions techniques élaborées. C'est pourquoi à la fin du spectacle, alors que de toutes parts les éloges fusaient jusqu'à l'overdose, lui, en toute sérénité, ne cessait de murmurer comme s'il se parlait à lui-même : «C'est bien dommage que Kaki ne soit pas là pour voir comment sa pièce a évolué».
Sur le tarmac de l'aéroport d'Oran, Imène Belalem dira avec une nostalgie que ce voyage, elle l'attendait depuis sa tendre enfance. Dans son regard, brillait l'immense satisfaction du travail accompli. L'année prochaine, selon les v'ux de Jean-Marc Pujol (le maire de Perpignan), la pièce sera à nouveau jouée mais, cette fois-ci, ce sera dans l'immense salle du théâtre de l'Archipel, 'uvre du grand Jean Nouvel et qui a été inauguré il y a à peine une année par Frédéric Mitterrand. Assurément, cette incursion culturelle en terre catalane de H'mida Belalem n'allait pas décevoir.
Grâce à une discipline spartiate qui n'aurait point déplu à ses prédécesseurs Kaki et Benabdelhalim, il est parvenu à monter un spectacle que même un professionnel aussi exigeant que Jean-Marc Palma y décela les prémices d'un théâtre à la modernité assumée. C'est dire si la courte virée catalane a été bénéfique à plus d'un titre.


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