En 1930, Sidi Bel-Abbès, une ville attractive et où il fait bon vivre, ne cessait de s’agrandir, notamment à travers les programmes de construction qui la rendaient chaque jour plus agréable. Parmi ces plus emblématiques réalisations, le nouveau théâtre donnant sur la place publique ex-Carnot (actuellement 1er-Novembre-1954) et qui a remplacé l’ancien.
Sous la municipalité du maire de l’époque, Lucien Bellat (de 1929 à 1942), la construction de cette structure culturelle d’art dramatique fut confiée à l’architecte Charles Montaland, qui fut également l’architecte du lycée ex-Laperrine (actuellement Azza-Abdelkader). Mais cette fois-ci, l’architecte avait opté pour quelque chose de vertigineux et à l’image de Sidi Bel-Abbès. Et dit : “Puisqu’on parle de petit Paris. Pourquoi pas un modèle de Paris elle-même (Théâtre des Champs-Élysées) ?”
Dès lors, ce modèle fut conçu par Charles Montaland, et l’architecte se démarque aussi de la tradition néo-mauresque en proposant une esthétique essentiellement influencée par l’art déco parisien. Pour cela, il fait appel à l’artiste peintre Augustin Ferrando (1880-1957) pour exécuter les travaux de la mosaïque de la grande fresque allégorique de la façade en utilisant comme décor les muses Melpomène (tragédie) et Thalie (comédie), qui réalisa aussi la fresque du palais de justice de Sidi Bel-Abbès (1880-1957).
651 930 F pour les travaux de décoration et d’aménagement
Le 23 novembre 1932, Lucien Bellat, le maire de Sidi Bel-Abbès (1929-1934), et les membres de la municipalité approuvent définitivement le projet, et les travaux commencent le 29 septembre 1934. Lors de cette période, alors que la crise économique battait son plein à tel point que la ville manquait de tout : eau courante, famine, chômage, etc., le nouveau bâtiment coûtera une fortune à tous les contribuables et notamment aux indigènes. À l’époque, le total de l’enveloppe financière du projet fut de l’ordre de 651 930 francs, notamment 40 000 francs pour la décoration en staff, 84 000 F pour la marbrerie, 116 250 F pour les travaux complémentaires de marbrerie et 74 400 F pour les mosaïques. Quant à l’installation de parquets, il a été alloué un montant de 79 900 F, 227 380 F pour l’installation de la salle et un montant de 30 000 F a été octroyé pour la réalisation de la ferronnerie d’art. Ainsi, à partir du 29 septembre 1934, les bruits de construction se font entendre derrière les murs du chantier, et la population européenne commençait à s’enorgueillir car elle aura le plus beau théâtre d’Afrique du Nord, qui s’élève à plus de 25 m, fait 43 m de façade et ce qui n’était pas tout à fait faux.
Après trois années de travaux, le nouveau théâtre est inauguré le 5 décembre 1936 par Lucien Bellat, maire de la ville. Construit en plein centre de la ville, dans un style architectural italien, le théâtre de Sidi Bel-Abbès, situé en plein centre de la ville, est considéré comme un magnifique chef-d’œuvre qui a ajouté beauté et splendeur à la ville.
Une esthétique influencée par l’art déco parisien
D’une capacité d’accueil de plus de six cent places, cet édifice culturel est composé d’une salle de spectacle et de deux balcons. La façade principale est faite de marbre noir du Maroc, avec trois grandes fenêtres de 5,50 m de hauteur. Les muses qui décorent la façade du théâtre sont l’œuvre de l’artiste peintre Augustin Ferrando et s’appellent Melpomène et Thalie, un symbolisme né en Grèce et qui représente la tragédie et la comédie. L’entrée du théâtre donne l’accès sur un énorme hall, bien fait pour convaincre l’arrivant. Adossées de piliers de marbre d’Italie et de Belgique, 16 colonnes revêtues de mosaïques rouge et or ceinturent une ronde merveilleuse avec une fontaine lumineuse.
À l’entrée de chaque côté, un hall secondaire donne naissance aux étages supérieurs par de larges escaliers faits de marbre et de mosaïque.
À l’intérieur, l’amphithéâtre offre des places avec une visibilité parfaite. La scène d’une largeur de 9 m, profonde de 12 m et 18 m de hauteur. Au plafond, un magnifique lustre d’un poids de 220 kg est étalé sur 22 m de circonférence. Le nouveau théâtre est inauguré le 5 décembre 1936 par Lucien Bellat, maire de la ville. Durant les années post-indépendance (1960 et 1970), le théâtre de Sidi Bel-Abbès, dirigé par le regretté Lakhdar Saïm, a permis l’émergence d’une dynamique du théâtre amateur animé par des jeunes affiliés au sein des troupes théâtrales de la JFLN et ensuite à l’Unja.
Aussitôt, les jeunes comédiens, dont des collégiens et des lycéens, se sont engagés pour promouvoir ce quatrième art à Sidi Bel-Abbès. Puis vint Kateb Yacine, qui a dirigé le théâtre de Sidi Bel-Abbès (TRSBA) de 1978 à 1989 et qui a apporté au théâtre algérien contemporain une dimension plus universelle.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/04/2023
Posté par : sba
Ecrit par : A. BOUSMAHA
Source : liberte-algerie.com - Publié 03 Novembre 2021