Algérie

Théâtre algérien Un pan de son histoire reste méconnu



Théâtre algérien Un pan de son histoire reste méconnu
Constat - Lakhdar Mansouri, spécialiste du théâtre algérien et chercheur à l'université d'Oran, estime qu'il est important d'accéder aux archives détenues, voire bloquées en France.
«Il est nécessaire d'avoir l'accès aux archives et ce, pour aborder l'écriture de l'histoire du théâtre algérien», a-t-il dit.
Lakhdar Mansouri, qui a mené une étude sur comment le théâtre algérien d'expression arabe a été perçu par les Français durant la colonisation, a dit avoir travaillé sur des archives venues de France.
«J'ai pu obtenir, d'une manière non officielle, grâce à des copies faites par des amis étrangers qui ont pu avoir accès à un nombre considérable d'archives sur le théâtre algérien des années 30, 40 et 50», a-t-il souligné.
Il a, ensuite, expliqué : «J'ai focalisé mon travail sur un document officiel d'un officier français qui a fait une étude sur le théâtre algérien.»
Selon lui, l'objectif de cette étude consistait à savoir si ce théâtre faisait de l'agitation et s'il véhiculait des messages pour le soutien de la Révolution algérienne.
«Ce qui est intéressant, c'est le fait qu'il parle de divers aspects du déroulement de la représentation, tels la linguistique, le jeu des comédiens, les thématiques abordés...», a-t-il relevé. Il a, en outre, expliqué que pour les besoins de son travail, il a dû faire une étude comparative, des comptes rendus sur les spectacles en s'appuyant sur les procès-verbaux des rapports de police et des services secrets de la France coloniale.
«Ces rapports nous ont permis de savoir comment se déroulaient les représentations car ces dernières ont été archivées à travers une forme de critique théâtrale de manière administrative», a-t-il précisé.
S'exprimant sur la difficulté d'avoir accès aux archives, Lakhdar Mansouri dira : «Il faut rappeler que dès 1961 et jusqu'à l'été 1962, des tonnes d'archives ont été transférées en France dont des milliers concernant le théâtre algérien. On les retrouve, pour la majorité, dans la riche bibliothèque d'Aix-en-Provence. Beaucoup de ces archives sont interdites d'accès aux Algériens encore aujourd'hui, un demi-siècle après notre indépendance, surtout celles ayant trait au théâtre et qui portent le cachet confidentiel ou top secret. Je considère que cela est incompréhensible.»
Estimant que son souci en tant que chercheur est d'approcher la vérité, notamment celle concernant le théâtre algérien durant la période coloniale, Lakhdar Mansouri regrette que cette partie de notre histoire ' l'histoire du théâtre algérien ' reste méconnaissable, ignorée de tous.
«Ce qui est malheureux aujourd'hui, c'est qu'il y a un grand nombre de comédiens et de metteurs en scène et même de dramaturges algériens de cette période que nous ne connaissons pas parce que personne n'a écrit sur eux, vu que l'accès aux archives nous soit interdit. Nous avons découvert beaucoup de noms grâce aux fameux rapports de police coloniale.»
Ainsi, les archives représentent une piste sérieuse, un champ d'investigations qui nous permettrait de mieux connaître l'histoire du théâtre algérien et, du coup, écrire ses pages.
«Il est important de récupérer ces archives, ou du moins d'en avoir des copies, car même si c'est la France coloniale qui a écrit ces documents, il s'agit cependant de représentations d'algériens et donc cela fait partie intégrante de la mémoire algérienne», a-t-il dit. Il s'agit là donc, selon lui, d'une vérité que l'on ne peut occulter.


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