Algérie

Théâtre Adhabate : Jamila ou les souffrances de Jamila Culture : les autres articles



Théâtre Adhabate : Jamila ou les souffrances de Jamila Culture : les autres articles
En ces temps de désillusions, de scandales politico-financiers et de harga, ce n'est pas à un mince travail de théâtralisation qu'Adar Mohammed s'est coltiné en acceptant de réaliser un spectacle à partir d'un poème à forte charge patriotique.
Vouloir titiller ses compatriotes sur des sentiments de cette nature est proprement suicidaire artistiquement ! Cependant, Fatima Belfodil, son auteur, a eu l'intelligence de faire confiance à Adar pour apporter des «arrangements» à son texte-fleuve afin de lui faire passer la rampe. Elle a eu également la bonne idée d'évoquer exclusivement des Djamila Bouhired, celles demeurées dans l'anonymat et dont les sacrifices ont été minimisés, voire occultés. Ce qui, dans cette affaire, est réconfortant et triste à la fois, c'est que la parole des femmes soit devenue aujourd'hui l'ultime recours pour rappeler des sentiments que seules les compétitions footballistiques engageant l'EN rallument' sous forme de chauvinisme. Il est vrai que les hommes, eux, se sont tellement gargarisé des décennies durant sur leur combat, se rendant complices de tant de contrevérités et de silences sur son histoire.
Leur parole s'est ainsi décrédibilisée. Néanmoins, le texte aurait gagné en épaisseur et en efficacité en se démarquant d'une surannée «poétique», en vogue dans les célébrations officielles, à teneur plus nationaliste que patriotique. L'écriture scénique, faute de trame dramatique, visualise le poème. Elle révèle des prisonnières livrées à la torture morale et physique et à la volonté de leurs geôliers de les avilir. Elles sont habillées de tenues qui renvoient à des personnages d'une tragédie antique.
Le poème n'est pas déclamé. Il se décline en tirades que la fougue de comédiennes qui en voulaient ' des inconnues au bataillon ' ont su rendre à la façon de répliques d'un dialogue. Et à cet égard, Jahida Meslem, Jalouat Chahra, Belhachemi Fatima-Zohra, Telmathine Leïla et Chikhi Roumaissa méritent qu'on retienne leurs noms. Dans la mise en scène, la caricature est de mise, les tortionnaires en rajoutent de férocité dans la posture (Rabie Ouajdaout, Fadhel Med-Yacine, Abdelmalek Hamza). Les tableaux se suivent entrecoupées de poèmes non plus dits mais chantés par la voix claire et envoûtante de Roumaïssa sur une musique sans fioritures de Tahar Boukraa.
La scénographie de Halim Rahmoun et les éclairages ajoutent ce qu'il faut d'esthétisme à un spectacle honnête dans la forme. Le public de la maison de la culture de Témouchent, lui, a apprécié, en ovationnant chaleureusement les artistes au baisser de rideau.


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