Vaclav Havel n'est pas venu en Algérie, mais il a été chaleureusement applaudi par les Algérois, à travers sa pièce Audience présentée jeudi soir au Centre culturel français d'Alger.
Malgré la pluie, le public est venu très nombreux pour voir la pièce produite par l'Instant théâtre compagnie (France) et mise en scène par Hichem Chakib. «Dans Audience, Vaclav Havel pose un regard aigu sur les changements de la société», lit-on dans le synopsis. La pièce évoque aussi d'autres questions complexes telles que le rôle de l'intellectuel dans la société et ses rapports avec le pouvoir et les gens «ordinaires». Prague 1974, au temps de la Tchécoslovaquie communiste : Vanek, dramaturge, certainement pour se faire oublier, travaille comme ouvrier dans une brasserie. Un jour, il se retrouve seul dans un bureau avec Sladek, son patron. Celui-ci va lui proposer un étonnant marché. Mais avant d'oser le faire, son roublard patron a dû vider huit bouteilles de bière. A la sixième bouteille vidée, Sladek, à demi-mot, avait osé dire au dramaturge à peu près ceci : «(...) Je ne sais rien sur toi… Comment pourrais-je répondre aux questions qu'ils me posent à ton sujet '» Vanek (rôle interprété par Hichem Chakib) veut savoir qui sont ces gens qui posent des questions à son sujet. «Eux», répond son patron qui n'ose même pas prononcer le nom du «Service» qui enquête au sujet de son employé. «Je te donne le poste de magasinier et tu va écrire toi-même des rapports sur toi», finit par lâcher le patron. C'est l'étonnant marché proposé par Sladek (Laurent Collombert) à Vanek qui refuse parce que ceci est contre ses principes. La colère de son chef explose en l'entendant dire : «C'est contre mes principes.» Il va carrément vider son sac contre les intellectuels qui, selon lui, ne risquent rien parce que célèbres, contrairement aux gens ordinaires. Dans cette intrigue qui va crescendo, Vaclav Havel ne se veut pas un donneur de leçons. A un certain moment, on ne sait plus qui fait le procès de l'autre dans ce huis clos oppressant à l'atmosphère kafkaïenne, surtout au début. Le spectateur n'a pas l'impression que la pièce a été écrite il y a environ trente- six ans, car des questions comme celles relatives à la liberté et à la responsabilité collective et individuelle restent et resteront toujours d'actualité. Audience fait certainement partie de ces œuvres immortelles parce que traitant d'un thème humain et universel. Né le 5 octobre 1936 à Prague, Vaclav Havel est un écrivain, intellectuel et homme politique tchécoslovaque puis tchèque. Durant la période communiste, il a été l'une des figures de l'opposition. Il a été le 10e président de la République fédérale de Tchécoslovaquie de 1989 à 1992, puis le premier président de la République tchèque de 1993 à 2003. Politicien atypique, généralement estimé comme une «personnalité extraordinaire» dans son pays, Havel est souvent appelé le «président-philosophe». Vaclav Havel a commencé sa carrière artistique après son service militaire, comme stagiaire au théâtre ABC, puis plus tard, dès 1960, au Théâtre sur la Balustrade. Ce deuxième théâtre produit sa première pièce, la Fête en plein air (1963), présentant d'une manière remarquable la forte régénération des tendances qui prévalaient dans la culture et la société tchèque dans les années 1960 et qui avait culminé lors du Printemps de Prague en 1968. Pour lui, son action dans la vie publique et culturelle est un moyen de promouvoir son idéal démocratique. Vaclav Havel est l'auteur d'une douzaine de pièces théâtrales dont Le rapport dont vous êtes l'objet(1965), Pétition(1978) et Assainissement (1987). Il est aussi l'auteur de plusieurs essais comme Le pouvoir des sans-pouvoirs (1978), Pour l'identité humaine (1984) et L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge (2007). Vaclav Havel a été, au début, inspiré par le théâtre de l'absurde, puis sa parole dissidente a pris le dessus. En mars 2011 est sorti Sur le départ, le premier film réalisé par Havel d'après une de ses pièces. Il raconte l'histoire d'un chancelier sur le point de quitter le pouvoir, qui voit son monde s'écrouler et son entourage le trahir, dans une confrontation sans merci avec son successeur peu scrupuleux. L'artisan de la «Révolution de velours» anti-communiste de novembre-décembre 1989 est un pacifiste. Dans ses Méditations d'été, Vaclav Havel a écrit : «La violence engendre la violence. C'est pourquoi la plupart des révolutions se sont perverties en dictatures.»
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Posté Le : 30/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kader B
Source : www.lesoirdalgerie.com