Algérie

Théâtre



Théâtre
Le fantôme d'"Ibn Battuta", l'illustre voyageur berbère du XIVème siècle, est revenu mercredi soir au théâtre Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa, à l'occasion de la présentation de la générale d'une pièce éponyme, déroulée selon la forme théâtrale de la "mise en abyme".Mise en scène par Elsa Hamnane, une franco-algérienne, issue de "Athéna-théâtre" (Paris), la pièce, adaptée de l'?uvre d'Ibn Juzayy, auteur du Moyen-âge, qui a compilé les récits de "la Rihla d'Ibn Battuta", est, en effet, un "théâtre dans le théâtre" où toute l'illusion repose sur un dédoublement thématique, confondant "le sujet cadre" et "le sujet encadré". La vie d'Ibn Battuta ne s'y égrène qu'à travers le jeu des comédiens, qui, en fait, en parallèle, interprètent leurs propres turpitudes du moment en s'inspirant de repères précis du parcours épique de leur héros du jour.Pour ce faire, la metteure en scène a naturellement aboli la frontière entre l'onirisme et ce qui est de l'ordre de l'imaginaire et du réel, en laissant les deux mondes se juxtaposer et s'influencer l'un, l'autre. Du grand théâtre, dont la complexité a cependant écorné la compréhension et l'appréhension du texte, desservi de surcroît par un problème de fluidité des scènes et du langage. L'auteure, qui en reconnaît la carence, les motive par la fraîcheur du spectacle, et son manque de rodage, en promettant d'y remédier dès les prochaines exhibitions. La pièce est un patchwork, atemporel, qui s'ouvre sur un écran de télé, et l'apparition vocale du fantôme d'Ibn Battuta qui insiste pour narrer "la Rihla" (le voyage). Juzzay son chroniqueur, qui tient également le rôle de directeur d'une troupe de théâtre, va s'en charger, en mettant en drame, la réaction de chacun des acteurs qu'il dirige, conviés au gré de leurs humeurs et de leurs humours, à revisiter quelques haltes de son périple mondial.Beaucoup d'escales fortes y sont évoquées, mais la chute s'achève, contrairement à la réalité historique, à New-Delhi, alors sous le règne de la dynastie Tughlûq (1320-1413) pour mettre en relief la vie du sultan, un homme controversé, savant mais tyrannique. Elsa Hamnane en profite pour en croquer les traits, mais surtout poser la "question philosophique du rapport à l'autre", un leitmotiv, dans l'oeuvre d'Ibn Battuta, et une singularité de son voyage homérique aux quatre coins du monde, guidé par la quête d'ouverture, de compréhension et d'humanisme.




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