Algérie

TF1 ressuscite la voix de Merah : Dérapage ou manipulation '



Et si TF1 a été manipulée ' La diffusion par la chaîne française d'extraits de discussions entre Mohamed Merah et la police française pourrait n'être, en fin de compte, qu'un grossier montage orchestré par les barbouzes français pour se défendre de l'assassinat du tueur de Toulouse et de Montauban, thèse défendue par Me Zahia Mokhtari, l'avocate algérienne de Mohamed Benalal Merah, le père de Mohamed.
Ainsi, au moment où la défense de ce dernier se mettait en place et que Me Mokhtari déclarait, depuis plusieurs semaines, qu'elle allait se déplacer à Paris pour remettre à la justice deux vidéos et des documents photos prouvant, selon elle, que Mohamed a été «liquidé pour ne pas parler», l'affaire TF1 éclate. «Nous disposons de deux vidéos et des documents photos ainsi que des témoignages attestant que Mohamed Merah a été liquidé et que les forces de l'ordre aurait pu arrêter pour s'expliquer. Je remettrai cela à la justice française, le 12 ou le 13 juillet», a déclaré l'avocate qui est attendue vendredi dans le bureau du juge parisien qui instruit la plainte contre X, déposée par le père.
Selon une transcription de ces vidéos, publiée le 12 juin par un journal algérien, Mohamed Merah aurait affirmé avoir découvert durant le siège de son appartement qu'un homme qu'il croyait être son ami était en réalité un agent des services français qui l'aurait manipulé. Coïncidence ou timing choisi pour court-circuiter la défense, il n'en demeure pas moins que les extraits « choisis » par l'émission « Sept à Huit » remettent en cause la ligne de défense pour laquelle a opté l'avocate mandatée par le père Merah, pour poursuivre le Raid en justice pour assassinat. L'avocate a qualifié, hier, cette diffusion de «pièce de théâtre» et s'est dite «étonnée par le timing choisi», en estimant que «des personnes dans l'ombre s'agitaient». La diffusion de ces extraits où l'on entend expliquer ses crimes a, comme attendu, suscité l'indignation des familles des victimes du tueur au scooter et des politiques, sans pour autant appeler à soulever les questions qui entourent cette « fuite » organisée. Pour sa part, la directrice de l'information du groupe TF1, Catherine Nayl, s'est justifiée par la teneur informationnelle de ces minutes diffusées, sur quatre heures et demie d'enregistrements, pour «démontrer la façon dont les hommes du Raid ont négocié». «Je pense que ce document prouve que jusqu'au bout les négociateurs ont essayé d'arrêter Mohamed Merah et de l'arrêter vivant», a-t-elle expliqué.
La chaîne télévisée, connue pour être proche de la droite française, s'érige en véritable défenseur de la cause des policiers justement remis en cause par Me Mokhtari. Dans ces enregistrements sélectionnés, Merah affirme être prêt à poursuivre dans sa folie meurtrière, assure être en lien avec Al-Qaïda et le grand banditisme et explique comment il a trompé la vigilance des services de renseignements qui le surveillaient. Tout pour disculper les services secrets français, mis sérieusement en difficulté dans le traitement du cas Merah, et réfuter la thèse d'un agent infiltré travaillant pour le compte des services de la direction centrale du Renseignement intérieur, la DCRI.
A travers cette diffusion, TF1 fait fort et se fait l'avocat du Raid qui avait assiégé l'appartement de Merah, à Toulouse, pendant 32 heures, au plus fort du premier tour de la campagne présidentielle française. Elle se fait le porte-parole des patrons du Renseignement français qui avait, rappelons-le, été appelés à comparaître devant le Sénat. Gérard Longuet et Claude Guéant, alors ministres de la Défense et de l'Intérieur, avaient décidé de ne pas donner de suite favorable à la demande socialiste, prétextant un « devoir de réserve » de Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), et Bernard Squarcini, à la tête de la DCRI. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait relevé que l'enregistrement réalisé durant le siège par la police, n'avait «jamais été rendu public» et s'interroge sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement.
Pour sa part, l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), la «police des polices», a été chargée de mener une enquête administrative et une enquête pénale sur la diffusion de ces enregistrements. A propos de ces derniers et des déclarations de Mohamed Merah sur notamment la mort, son appartenance à Al Qaïda ou son style de vie «fashion» qu'il qualifie de «ruse», Dominique Thomas, doctorant à l'EHESS et spécialiste des mouvements islamistes, a estimé que les propos de Merah font partie des « lieux communs de la culture djihadiste. Pour un djihadiste, la mort est une délivrance. Merah a pu lire cette phrase sur n'importe quel forum islamiste. Cela ne prouve pas qu'il ait reçu une instruction spécifique ou qu'il s'est rendu au Pakistan comme il l'affirme. Ces enregistrements viennent confirmer que Mohamed Merah avait une culture très faible et répétait aux enquêteurs des phrases toutes faites, entendues ça et là». Il dira également que Merah n'était pas un érudit de la culture islamique et l'absence à toute référence idéologique de la pensée djihadiste, le fait notamment douter de son appartenance à Al Qaida. Alors qui croire ' TF1 a sans doute ouvert prématurément le procès contre le Raid désignant médiatiquement le coupable.


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