On pouvait lire dans concernant Cheikha Tetma, le titre d’un article de presse daté du 20/04/1996 : Celle par qui le « scandale » arriva... Cette grande dame, qui, à l’époque, fût reniée et exilée par les siens, demeure aujourd’hui l’une des fiertés artistiques de la ville de Tlemcen, un autre symbole de courage algérien conjugué au féminin…
Quand Tetma naquit en 1891, ses parents étaient séparés, elle grandi alors au sein de la famille de sa mère : Aouicha Bensari, une famille particulièrement mélomane. Premier enseignement à la mosquée Djamaâ Sid El Djabbar où elle apprend des valeurs religieuses et littéraire, ce qui fera d’elle, une femme instruite, sachant lire, ce qui n’était pas le cas de la majorité des femmes de son époque.
Elle doit son enseignement musical principalement aux frères Mohamed et Ghouti Dib, qu’elle côtoya grâce à Cheikh Moulay Driss Medeghri, chez qui se réunissaient certains maîtres de l’époque.
En 1915, elle eut la chance de sa vie, celle de chanter en public, à la place de la mairie où se tenait une foire. C’est grâce à Brahim Deraï qui l’avait sollicité pour se joindre à son orchestre en tant que soliste. Ce fût le déclic, c’est là qu’elle commença à se faire connaître, et à enregistrer ses 1ers disques 78 tours chez la maison Pathé…et c’est là qu’ont commencé les ennuis pour elle…car, certaines familles notables se sont révoltées contre le géni féminin, l’accusant du pire dans une pétition, la poussant ainsi à quitter Tlemcen, pour Fez, où elle s’y installa durant 05 ans. En 1925, elle revient à sa ville natale, encore plus forte que jamais, et entama une autre série d’enregistrements chez Polyphone.
Faut-il rappeler qu’elle fût la 1ère artiste à avoir introduit le piano dans un orchestre à Tlemcen, grâce à Cheikh Djilali Zerrouki « le virtuose du piano », en qui Tetma avait en lui le soutien du père spirituel. Après la disparition de ce dernier en 1945, notre artiste s’installa à Alger, sollicitée par Boudali Safir pour faire partie de l’orchestre féminin, aux côtés de Fadhéla Dziria, Meriem Fekkaï, Reinette Daoud…
Elle rentra à Tlemcen en 1955, vieillie par l’âge, et fatiguée par les rudes épreuves rencontrées tout au long de sa carrière. Elle décéda le 22 avril 1962, quelques mois uniquement avant l’indépendance.
Elle restera la seule femme tlemcenienne de son l’époque à avoir dépassé les limites de l’aspect péjoratif du conservatisme tlemcenien. Son courage, son talent, son géni et son esprit éveillé, ajoutés à ses qualités humaines, ont fait d’elle ce qu’elle était et ce qu’elle sera pour les générations futures. Tetma a ainsi enregistré dans la sanâa, le hawzi, quelques chansonnettes, et une seule qacida dans le madih « Chayeun Eûcht Laboud Tendem » (de Cheikh Sidi Lakhdar Ben Khelouf), qui, ironie du sort, fût son dernier enregistrement chez la maison de disques Odéon.
Je pense sérieusement que, et cela grâce à Algéria Color, que le Hawzi, Tlemcènéen en puissance, repose beaucoup plus, quant à ses origines, sur Tetma que sur d'aucune chanteuse ou orchestre Hawzi de Tlemcen.
Enfanté dans le feu de la guerre d'indépendance du peuple algérien, et originaire de Tiaret, Tetma me renvoie à Es Souguer, au sobriquet Trézel, heureusement jeté depuis dans la poubelle de l'histoire. S'il n'est que ce qu'il est aujourd'hui, inconnu des Algériens et Algériennes de France (surtout celles - ci), Bellemou, le père du Raï ouahrani, a modernisé, trompette, accordéon, batterie et guitare entre autres, un art, une activité et une conscience musicale que lui - même reconnaîtrait d'obédiance Hawzi de chez Tetma.
Est - ce que je peux ajouter autre chose:
J'ai trouvé chez Tetma des élans de musique Fado portugaise. Qu'en dire?
Mohammed
MOSTEFAOUI Mohammed - Formateur - Alfortville
21/07/2008 - 1633
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Posté Le : 26/04/2006
Posté par : nassima-v
Source : andaloussiate.over-blog.net