Algérie

Terrorisme, dites-vous ' (III)



Terrorisme, dites-vous ' (III)

Ceux qui, en Occident, s'insurgent à propos d'un foulard porté à l'école, d'un mouton égorgé selon la tradition musulmane ou d'un rite vaudou pratiqué dans une HLM de banlieue, devraient essayer d'imaginer l'état d'esprit de personnes contraintes de supporter l'intrusion incessante dans leur vie quotidienne de m'urs européennes ou américaines qu'elles trouvent pour le moins étranges, quand elles ne sont pas franchement repoussantes ou décadentes.La société occidentale invoque sans cesse la liberté, mais il s'agit toujours de la «liberté» pour les autres de s'aligner sur elle. Il est évident que l'impérialisme culturel entraîne chez ceux qui en sont victimes frustration et révolte. Une autre cause de révolte réside dans l'agression étrangère permanente à laquelle sont soumis certains peuples (occupation des territoires palestiniens, guerre contre l'Irak, la Syrie, interventions militaires multiples un peu partout dans le monde). L'impuissance face à la brutalité et à l'arrogance de l'agresseur conduit infailliblement à des actes de désespoir. Le terrorisme est donc souvent - mais pas toujours - un signe de faiblesse qui se manifeste lorsque tous les autres moyens de lutte collective sont inexistants ou inefficaces. Il émane en général d'une organisation, aussi rudimentaire soit-elle, et n'est que rarement l'acte d'un individu isolé. Comme la frustration nationale et la frustration culturelle, la frustration sociale peut, elle aussi, déboucher sur une riposte violente. Par ailleurs, le terme «terrorisme» ayant une valeur péjorative, plus personne ne s'en réclame. A chacun donc d'apprécier si une organisation doit être qualifiée de terroriste ou si, au contraire, il convient de la classer parmi les mouvements de libération, considérés eux comme tout à fait légitimes. (Dans son préambule, la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU reconnaît implicitement le droit à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.) A cet égard, le comportement de la plupart des gouvernements est assez schizophrène. On voit des Etats issus d'une lutte de libération nationale refuser à d'autres ce pour quoi eux-mêmes se sont battus, suscitant ainsi une résistance qui revêt souvent l'aspect du terrorisme. Ailleurs, des pays qui refusent l'autonomie à certaines de leurs provinces s'érigent chez les autres en champions de la «liberté» (à commencer par la Grande-Bretagne et la France qui dénient à l'Irlande du Nord ou à la Corse ce qu'elles revendiquent pour la Tchétchénie ou le Tibet. Dans un monde orwellien où les puissants prétendent agir au nom de la «démocratie » et des «droits de l'homme», où la mise en condition de la population est permanente, et où l'on peut faire croire n'importe quoi à n'importe qui, dès lors qu'on dispose des médias, l'histoire remet rarement les choses en place. Pour un Nelson Mandela réhabilité de toute accusation de terrorisme, combien d'autres conservent cette estampille infamante, à commencer par le défunt Yasser Arafat. (A suivre)




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)