Algérie

Terrorisme Ce droit qui permet l'ingérence



Les Etats-Unis viennent de souligner à l'Algérie qu'au nom du devoir queleur impose la loi de protéger leurs citoyens, obligation leur est faite de lesprévenir du danger là où ils se trouvent. Le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis à Alger, transmis lundi auxautorités algériennes, porte plus d'un message. Non seulement ses rédacteursfont l'impasse sur le sentiment d'ingérence qui a secoué tout un pays mais ilsfont savoir à l'Algérie et au reste du monde que leur loi leur dicte desobligations qui se passent royalement de ce genre de considérations. «L'ambassadea pour obligation, selon la loi américaine et selon la politique du départementd'Etat, de partager toute information jugée crédible sur un danger potentielpouvant porter atteinte à la vie et à la propriété des ressortissantsaméricains en Algérie», ont souligné les Américains à l'adresse des autoritésalgériennes. Notre unique intention est de respecter nos obligations légales etl'éthique auprès de nos citoyens». En fin de compte, le message del'ambassade des Etats-Unis à Alger sur l'imminence d'attentats terroristescontre des cibles qu'elle a pris le soin de bien identifier, n'a pas étél'oeuvre du seul ambassadeur qui dit-on est absent depuis quelques jours. Leministère des Affaires étrangères s'est d'ailleurs rabattu sur le chargéd'affaires et l'a convoqué pour lui faire part de son mécontentement. RobertFord, l'ambassadeur américain, n'est certainement pas en mesure de décider àpartir de son bureau d'Alger, de faire part d'intentions aussi dangereuses à unpays dont le positionnement géographique est classé depuis quelque temps parles stratèges de son pays avec la mention «intéressant». C'est véritablementune option d'Etat qui a été mûrement réfléchie et adoptée par le départementd'Etat. Cette politique, notent-ils d'ailleurs, «est la même à travers lemonde». Ils y ont recours en Jordanie, en Egypte, en Syrie et bien dansd'autres pays arabes et musulmans qu'ils ont à l'oeil. Le message à l'Algérieest donc un acte «responsable» de Washington. Il a été rédigé au nom du droit,du devoir et de l'éthique: trois grands mots qui constituent à eux seuls lesfondements d'un Etat.  Peu importe si leur significationtelle que consacrée par les textes américains ne convient pas aux moeurs despays ciblés. C'est justement parce qu'ils estiment que ces derniers neconnaissent pas ce que sont le droit et la loi que les Américains s'érigent enmoralisateurs pour leur donner des leçons de «démocratie et de gouvernance».C'est au nom de la loi que l'Amérique de Bush a décidé de régenter le monde. Lesdangers que les Américains sont toujours les premiers à sentir doivent en touteévidence, répondre à leurs visions géostratégiques, à leurs modesd'intervention pour y faire face et à la nature de leurs intérêts. Ils l'ontclairement démontré lorsqu'ils ont décidé de coloniser l'Irak. Ils le fontdepuis qu'ils livrent une guerre sans merci aux Afghans. Ils s'y préparentaussi pour battre l'Iran et le suggèrent pour «protéger»  Chez nous, la loi en matière deprotection et de sécurité dit ceci: «L'Etat est responsable de la sécurité despersonnes et des biens. Il assure la protection de tout citoyen à l'étranger».C'est l'article 24 de la Constitution qui le stipule. La loi suprême du paysoblige ainsi l'Etat -comme le fait la loi américaine- à protéger ses citoyenslà où ils se trouvent. Il n'est pas question ici de démontrer que ledépartement américain a raison d'ameuter tout un pays pour prévenir quelquesAméricains travaillant dans des lieux sécurisés qui ne semblent n'avoir jamaisété inquiétés par les problèmes de terrorisme dans le pays. Mais l'on remarquequ'on est loin de nous inscrire dans un schéma dont les éléments fondamentauxrelèvent du droit, du devoir et de l'éthique. Les discours de nos gouvernantsrestent bien éloignés de tout cela.La visite du président de la République, dimanche à l'hôpital MustaphaBacha, a rappelé à l'esprit algérien une autre tout à fait similaire qui avaitété entreprise, il y a plusieurs années, par l'un de ses prédécesseurs dans lesmêmes conditions et pour les mêmes raisons. C'était au bon milieu des années 90lorsque Liamine Zeroual, alors chef de l'Etat, s'était rendu au chevet desblessés d'un attentat terroriste. «Monsieur le Président, faites quelquechose!» implore une femme de son lit d'hôpital. «Que voulez-vous qu'on fasse?lui demande à son tour Zeroual. Dimanche, Bouteflika avait pris la main d'unefemme blessée et lui a dit «il faut que le peuple bouge, il ne doit pas restercomme spectateur».  L'article 6 de la Constitutiondit: «le peuple est la source de tout pouvoir». C'est probablement ce «slogan»qui a inspiré le chef de l'Etat pour attribuer une quelconque force à un peuplequi ne sait pas vraiment ce qui se passe dans son propre pays. En l'absence detradition de communication et d'informations crédibles, il est difficileaujourd'hui de comprendre ce qu'a voulu dire le Président en exhortant lepeuple à bouger. Il fut un temps où des groupes entiers de citoyens ontconstitué des corps de défense pour protéger le peuple jusque dans les endroitsles plus reculés du territoire national. On les appelait «les patriotes» et«les gardes communaux». Dès les premiers signes du retour au calme, ils ont étéignorés par l'Etat au point de ne pas être payés pendant de longs mois. Leurdemande d'intégration au sein des corps de la fonction publique avait longtempsbuté contre le refus de gouvernants qui leur avaient fait pourtant appel dansles années de braise pour «sauver la République». Si le peuple doit bouger, ilne pourrait le faire que dans le cadre d'une démarche concertée avec lesinstitutions de l'Etat «dans le cadre du droit et de l'éthique» comme nousl'apprennent les Américains. Ce qui permettra de situer les responsabilités etles missions de chaque partie sans entrechoquements.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)