Algérie

Terrorisme au Sahel



Terrorisme au Sahel
L'amiral Jean Dufourcq est intervenu, hier, à l'Ecole de police d'Alger dans le cadre de la formation des élèves-policiers, pour évoquer les défis géostratégiques de la région saharienne.Les pays riverains du Sahel ont une responsabilité collective quant à la sécurité de la région», a déclaré hier l'amiral français Jean Dufourcq lors d'une conférence sur les enjeux géostratégiques au Sahel à l'Ecole de police de Châteauneuf à Alger, dans le cadre de la formation des élèves. Assis au côté du général-major Abdelghani Hamel et de l'économiste Abderrahmane Mebtoul, le militaire français à la retraite et chercheur a tenté d'exposer aux élèves de l'Ecole de police les enjeux sécuritaires dans la région. «Le Sahara est une région dont les fragilités ont été aggravées.Les activités traditionnelles sont de plus en plus criminalisées. Les routes de la drogue croisent désormais celles des trafics humains, de la contrebande de médicaments, de pièces détachées automobiles et d'armes de petit calibre. Il y a eu un profond changement dans la conflictualité intrinsèque de la région», a-t-il expliqué. Selon l'amiral Jean Dufourcq, toutes les tensions ont surtout été dopées par la circulation de flux financiers sans précédent : «Il y a une masse financière inédite.La corruption peut se nicher partout, elle existe comme jamais auparavant.» Dans ce contexte, le militaire à la retraite préconise que l'Algérie et ses voisins doivent travailler ensemble : «L'Etat-nation doit laisser la place aux ensembles régionaux. L'interconnexion régionale n'est faite que par les trafiquants et les criminels.Les administrations doivent s'y mettre. Je sais que l'Algérie a une vision très territorialisée des rôles, mais nous vivons dans un monde de flux. Le peuple saharien existe, il est divers, mais il est uni par la nature de l'espace dans lequel il vit.» Parmi les nécessités, selon lui, aménager les zones sahariennes «éloignées des capitales, comme l'a fait l'Algérie». «Les échanges sont la condition de survie dans cette zone. Une route, un aéroport, ce sont déjà de profonds changements.»Force multinationale mobileDans la salle, les élèves de l'Ecole de police écoutent attentivement l'amiral Dufourcq présenter quelques solutions. D'abord, la création d'une force multinationale mobile, «dix bataillons de 400 hommes et lors d'une opération au sein d'un territoire, c'est le bataillon national qui commande». L'expert insiste sur la mobilité d'une telle force : «Nous sommes tentés par les bastions, les frontières surveillées par des radars, mais c'est le mouvement qui est la réponse.»Autres propositions, celles de la création d'une commission pour réguler les besoins économiques des populations et un centre d'études stratégiques sahélo-saharien. Des propositions auxquelles le général-major Abdelghani Hamel a répondu : «Pour les régions, vous savez bien que les zones dont nous parlons sont sous-administrées et que cette politique ne peut pas être mise en place. La force que vous évoquez existe, c'est le Cemoc. Comme centre d'études stratégiques, il y a le Caert.»En répondant aux questions du public mais aussi des élèves des Ecoles de police de Blida et Sidi Bel Abbès qui suivaient l'intervention par visioconférence, l'amiral Jean Dufourcq a conclu : «Il faut trouver une place économique pour les sociétés sahariennes. La question de la dignité au XXIe siècle est centrale. On veut tous donner un sens à notre vie !»




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