Algérie

TERRORISME



Al Qaîda vulnérable aux critiques islamistes
D’éminentes personnalités intellectuelles et religieuses critiquent de plus en plus les méthodes criminelles de la nébuleuse islamiste. Al Qaîda est prise pour cible depuis des mois par des théoriciens ou des anciens de l’islamisme radical qui lui reprochent de faire trop de victimes innocentes, des critiques d’autant plus efficaces qu’elles se situent sur le terrain idéologique.Parce qu’elles émanent de personnalités reconnues, autorités religieuses, islamistes réputés ou anciens activistes engagés de longue date dans le jihad contre les Russes en Afghanistan ou les Américains en Irak, ces critiques portent et elles érodent le soutien populaire au mouvement fondé par Oussama Ben Laden, assurent des experts.Ainsi, fin 2007, l’Egyptien Sayyid Imam al-Sharif, connu dans les milieux radicaux sous le prestigieux pseudonyme de ´´Dr Fadl´´, a fait paraître un texte très dur envers Al Qaîda. Membre fondateur au début des années 80 du groupe jihadiste égyptien Al Jihad, il fut le mentor d’Ayman Al Zawahiri, bras droit de Ben Laden et reste une référence dans le monde de l’islamisme.Bien qu’emprisonné en Egypte, donc soupçonnable d’être manipulé, ses critiques ont eu un vaste écho dans le monde arabe et musulman. Les actes du réseau de Ben Laden ´´sont ternis de graves violations de la charia au cours des dernières années´´, écrit-il. ´´Ils tuent des centaines de personnes, y compris des femmes et des enfants, musulmans ou non, au nom du jihad´´. Interrogé par un quotidien égyptien, il ajoute: ´´Al Zawahiri et l’émir Ben Laden sont extrêmement immoraux´´.Pour le malheur des chefs d’Al Qaîda, le Dr Fadl n’est pas seul: de prestigieux théologiens saoudiens, autrefois proches d’eux, les ont reniés. Interrogé à la télévision, le cheikh saoudien Salman al-Oadah, autrefois proche de Ben Laden, lui a lancé: ´´Mon frère Oussama, combien d’innocents, d’enfants, de vieux et de femmes ont-ils été tués au nom d’Al Qaîda?´´ Noman Benotman, ancien chef du Groupe islamique de combat libyen, en exil à Londres, a pris des positions similaires, comme plusieurs anciens compagnons de route du chef d’Al Qaîda. Pour le chercheur français Jean-Pierre Filiu, auteur des Frontières du Jihad et de L’Apocalypse dans l’Islam, ´´tout cela est très dangereux pour Al-Qaîda´´.´´Ils n’arrivent plus à citer en référence personne qu’eux-mêmes, ce qui est grave pour un mouvement qui a une optique globale, dit-il. Ils n’ont jamais été aussi isolés´´. ´´Le tapis dogmatique leur a été tiré sous les pieds. Ils sont dans une logique de secte. Ils n’ont plus que des bandes de traîne-kalachnikov qui s’auto-proclament muftis, mais les références religieuses sérieuses leur font terriblement défaut´´, ajoute M. Filiu.Le recours aux attentats aveugles, avec son cortège de victimes civiles, a fait basculer contre eux des pans entiers d’opinions publiques autrefois bien disposées à leur égard.Ainsi, l’attaque-suicide, en novembre 2005, contre un grand hôtel d’Amman, qui a décimé une noce palestinienne, faisant 60 morts, a fait s’effondrer en Jordanie la cote de popularité de Ben Laden et des siens. ´´Il est clair que l’islam radical fait face à une rébellion dans ses rangs, qu’Al Zawahiri et les chefs du mouvement sont mal équipés à enrayer´´, écrit le journaliste américain Lawrence Wright, auteur de l’un des meilleurs ouvrages sur la genèse d’Al Qaîda, La guerre cachée.Et ces critiques portent d’autant plus qu’elles émanent d’ennemis de l’Amérique de Bush, qui souhaitent sa déroute en Irak et en Afghanistan, ajoute Jean-Pierre Filiu.´´Ils ne disent pas «Le jihad, c’est pas bien». Au contraire, ils disent «Le jihad, c’est bien, mais ces aventuristes-là sont en train de le souiller, de le dévoyer». «Et c’est là que cela fait très mal».


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