Tout paraît faux au Liban, sauf la violence qui s'accentue. A l'inverse, et là tout est lié, les Libanais n'arrivent plus à cacher leur crainte de voir leur pays sombrer dans la violence, voire une nouvelle guerre qui permettrait, croient-ils, de crever tous les abcès et lever les équivoques, et il n'en manque pas. Cette situation ne serait pas liée à la guerre en Syrie, comme le rappelle le procès de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, ouvert jeudi. Ou encore l'attentat perpétré le même jour dans un fief du Hezbollah. Mais elle tend toutefois à durer, amenant la classe politique de ce pays à faire et défaire les alliances jusqu'aux plus inattendues, marquant le quotidien des Libanais.Quand se demandent-ils avec insistance depuis que la guerre syrienne a provoqué une nouvelle fracture entre les pro et anti-Bachar Al Assad ' Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), créé en 2007 par l'ONU, et opérationnel depuis 2009, a effectivement ouvert le procès de quatre membres du Hezbollah accusés de cet assassinat commis le 14 février 2005. Sauf que le box des accusés était vide, le parti en question refusant de les livrer au tribunal. «Nous allons procéder comme si les accusés étaient présents et avaient plaidé non coupables», a déclaré le juge David Re à l'ouverture de l'audience publique devant cette instance.Son fils, Saad, Premier ministre de 2009 à 2011, présent à l'audience, a assuré avoir «longtemps attendu» ce procès, qui s'est ouvert neuf ans après la mort de son père. Ce qu'il dira ne manque pas d'importance. «Ces 50 dernières années, nous avons eu assassinat après assassinat, sans justice, et l'impunité était la norme : aujourd'hui, il existe une chance que la justice soit enfin rendue au Liban», a-t-il déclaré. C'est cette question d'impunité qui a constitué l'axe du message du secrétaire général de l'ONU. Pour Ban Ki-moon, il est «essentiel de (la) combattre pour une sécurité et une stabilité sur le long terme au Liban». Sans toutefois en donner le mode opératoire. Tout est là effectivement, et de nombreux crimes, perpétrés sur une longue période, comme l'a rappelé Saad Hariri, sont demeurés impunis, et la raison paraît bien simple dans un pays où les milices et autres groupes armés ont toujours joué un rôle déterminant.Cette dernière décennie a été ainsi marquée par de nombreux assassinats politiques, mais aussi des attentats à la voiture piégée commis dans des zones sensibles, étant considérées comme des fiefs, ce qui fait de l'attaque en question un message qu'il n'est pas difficile de considérer comme tel et de le décoder. Le dernier assassinat politique est celui de l'ancien ministre des Finances, Mohammed Chatah, commis le 27 décembre 2013, tandis que le plus récent attentat aveugle a eu lieu jeudi, faisant trois morts devant le bâtiment du siège local du gouvernement sur la place centrale de Hermel, une ville de la plaine orientale de la Bekaa, située à 10 km de la frontière syrienne. C'est le premier à avoir été commis dans ce secteur, mais c'est le cinquième en six mois dans un fief du Hezbollah. Faut-il y voir un lien avec la guerre en Syrie toute proche ' Cela semble complexe, alors qu'en ce qui les concerne, les Libanais n'y voient qu'un signe de plus dans la tension qui s'est emparée de leur pays. Et ils n'en voient pas la fin.
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Posté Le : 18/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com