Algérie

Terres arides


Le FLN veut occuper, depuis un certain temps, le terrain national. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti, multiplie les déclarations comme pour combler un vide. Les paroles se succèdent sans qu'on arrive à détecter un fil conducteur. Le parti, qui s'est habitué aux petites combines de palais, traverse ces jours une minitempête. Il règne, à la rue du Stade à Hydra (Alger), siège du parti, un climat de suspicion. La délation est portée par des listes et des contre-listes portant des noms de supposés « fidèles » et d'« infidèles » à la direction actuelle du front. La presse est bombardée de rumeurs « préfabriquées » qui tendent à faire penser que quelque chose se trame au FLN. Il s'agit, comme de coutume, de la même poussière qui provient des mêmes terres arides. La soupe organique du vieux parti n'intéresse plus l'Algérie. Les spéculations sur les noms de ceux qui viennent et de ceux qui partent ne meublent plus les soirées hivernales. Le FLN veut renouveler ses structures avec presque les mêmes méthodes à l'origine de la faillite du parti unique. Prétextant la défense sans droit de critique du programme du président de la République, le FLN n'offre aucun projet alternatif. Il est ni à gauche, ni à droite, ni même au milieu. Il n'a presque aucun fondement d'idées. Combien d'Algériens connaissent les propositions du FLN en matière de réforme agricole ' En matière de libertés démocratiques, de lutte contre le chômage, de développement de la recherche scientifique, de l'amélioration de la production culturelle... Le débat est peut-être réductible à cela : le FLN a-t-il une stratégie ' Le problème est que pour avoir une stratégie, il faut être libre de sa décision. Le parti de Abdelaziz Belkhadem n'est pas autonome. Il a voulu, à un moment donné de l'histoire récente de l'Algérie, faire de l'opposition. Il a été brutalement rappelé à l'ordre. Tous les mécanismes répressifs ont été actionnés pour le remettre sur la voie de l'obéissance. Cette culture de la mise au pas des formations politiques n'a jamais cessé. Comme celle qui consiste à interdire l'agrément des partis et des syndicats. Sans raison. Comme celle de maintenir l'état d'urgence. Sans argument. Comme celle de réduire l'expression politique à sa plus simple expression. Sans logique. Le FLN, qui est majoritaire à l'APN, n'exerce pas le pouvoir. Il ne dirige pas le gouvernement. Avoir la majorité parlementaire n'a aucun sens. Siéger dans ce qui ressemble à une coalition gouvernementale n'a aucune signification. Mais le FLN ne s'inquiète pas. Ne fait pas de bruit. Il fait semblant et continue d'entretenir l'illusion d'une vie politique ordinaire. Aujourd'hui, l'instance exécutive nationale se réunit à l'hôtel Mouflon d'or, à Alger. Les hôtels servent aussi à autre chose que pour dormir.
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