Algérie

Terre amère



«L'augmentation des exportations agricoles dépend de l'élargissement des surfaces cultivées et de la modernisation des techniques de production», dixit fin décembre notre ministre en charge de l'Agriculture. Elémentaire, mais, hélas, pas seulement, car il faut, d'abord et avant tout, satisfaire, quantitativement et qualitativement, les besoins alimentaires des citoyens qui vont en augmentant. Encore faut-il préciser de plus que l'exportation n'est pas seulement une affaire de simple grosse production. Il y a la bonne et belle production répondant aux normes des marchés internationaux ciblés. Il y a une connaissance presque parfaite des marchés, des opérateurs et des circuits et réseaux commerciaux, en perpétuel changement, la concurrence étant vive et dure dans un marché longtemps «abandonné». Il y a … il y a… Absente du marché international depuis bien longtemps, l'Algérie ne doit pas se faire trop d'illusions, les grands réseaux, les meilleurs, ceux auxquels nous étions habitués au tout début de l'indépendance, ayant été repris par des concurrents décidés à ne rien lâcher. A mon avis, il faut, d'abord et avant tout, que la «Maison commerce Algérie» soit organisée ici et maintenant (du moins au plus tôt), afin que son anarchie ne vienne pas (et plus) brouiller les radars. Une affaire de spécialistes -si possible jeunes, formés aux techniques modernes de vente, et avec des dents plus que longues- qui doivent «oser» pousser à revenir aux fondamentaux perdus (avec et après la nationalisation du commerce, la disparition des halles centrales, entre autres) du marché libre, libéré mais transparent, contrôlé, «nettoyé» et régulé avec rigueur et sévérité, toujours dans la transparence. Problème des terres et des surfaces cultivées ! Un pays qui comprend près de 44 millions d'ha cultivables mais dont seulement près de 9 sont exploités. Différence : 35 millions d'ha inexploités (uniquement dans la wilaya de Annaba, selon la presse rapportant les propos du wali, «50% des terres agricoles restent inexploitées»). Incroyable et pourtant vrai ! Le drame, c'est qu'une bonne partie des terres utiles en agriculture ont été et restent encore les plus «gaspillées» par leur détournement au profit du béton et du goudron. Ce qui n'avait fait, avec un cycle infernal déclenché par la politique du «logement pour tous, à tout-va», qu'accélérer les migrations rurales vers les villages et villes, chacun rêvant (et c'est tout à fait naturel bien qu'anormal) d'un mieux-être dans un logement sécurisé comportant eau courante, gaz et électricité, transports publics et écoles proches pour les enfants. Avec le risque de se retrouver en situation de chômage quand ce n'est pas plus. Le drame, c'est qu'une bonne partie des terres utiles en agriculture reste encore, et peut-être même bien plus que par le passé récent, encore plus convoitée, tout renouvellement du personnel décideur, à tous les niveaux, entraînant inéluctablement chez nous un regain d'appétits («Honni soit qui mal y pense !»). La lecture de la presse, surtout régionale et locale et les salles des tribunaux sont plus que riches en conflits liés à la «nouvelle dépossession» des terres, facilitée par les éternelles querelles familiales liées à l'indivision et les «appétits» affairistes internes, externes, privés et politico-administratifs (ici, surtout locaux). Un seul souhait nous reste : celui d'avoir encore un petit coin de terre, même «inutile» pour y être enterré. Par ces temps de pandémie assassine et presque incontrôlable, ce n'est même plus certain.


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