Algérie

TERRASSES DE CAFES



C'est un peu comme si nous nous tuons à sauver nos vies. Le confinement a la particularité de réclamer la vie en recommandant une mort qui ne dit pas son nom. Anesthésier les commerces et le gros des mouvements qui donnent à l'humain la satisfaction de respirer est à bien voir plus mortel que le moins anodin des enterrements. C'est sans doute parce que nous n'avons qu'une vie que la moindre perte de temps nous paraît pénalité.C'est au c?ur de ce terrible dilemme que la plupart des gouvernements des pays européens parmi les plus touchés par la pandémie ont décidé de s'aventurer dans un déconfinement plus que partiel. Les scènes observées depuis ce lundi à Paris ou à Barcelone offrent un spectacle des plus incongrus démontrant l'incapacité des populations à affronter un phénomène sanitaire incontrôlable. Le savon, l'alcool ou le masque s'avèrent être de piètres palliatifs pour lutter contre un ennemi invisible venu désintégrer l'essence même du vivre ensemble. Les terrasses des cafés et le demi-réveil des transports sonnent à la fausseté d'une reprise qui au lieu d'annoncer la vie étale encore mieux qu'hier une mort qui se pavane en ricanant. Le spectacle des précautions a quelque chose de désespérant.
On ne peut se préserver d'un chien enragé toujours errant à proximité en se contentant d'une distanciation sociale discutable sans que l'animal ne soit abattu. Tout indique que l'épidémie ne sera pas vaincue tant qu'un vaccin ne sera pas trouvé. D'ici là et pour qu'il soit commercialisé, des mois, sans doute des années et des vies couleront sous les ponts. Tout démontre aussi que les chiffres sur les dégâts humains causés par le virus ne sont que des données dérisoires livrées faute de mieux pour s'affranchir d'un désarroi chaque jour répété. Face à ce drame planétaire, la logique aurait voulu que le dépistage, malgré sa mise à la mode, ne soit pas gagné par la parcimonie et il aurait fallu dépister toute l'humanité pour réellement maîtriser la juste dimension de la catastrophe. Prouesse phénoménale et irréalisable dans un monde présent déstructuré où l'individualisme et la cupidité de l'homme sont patents le guidant à rechercher des outils pour tuer plutôt que de développer la solidarité qui sauve la vie.
Puis, finalement, qui oserait prétendre que le monde n'a pas été, depuis qu'il existe, dans un confinement permanent '


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