Terrain miné

Les chômeurs du Sud ont réussi à se faire entendre et écouter par le gouvernement qui a annoncé des mesures concrètes. Des revendications légitimes reconnues comme telles et qui ont suscité un fort élan de solidarité. Aussi légitimes que les questions que suscite le durcissement du mouvement quant à ses 'autres" objectifs. Par-delà la contagion des autres wilayas qui souffrent du même problème, le mouvement a laissé dans sa dynamique la porte ouverte à un opportunisme politique. Un terrain qui n'a pas tardé à attirer tous les prédateurs pour tenter de pratiquer leur hobby : la déstabilisation. Même Aqmi, vomi de par le monde, rejeté par les chômeurs, a essayé de s'y incruster.
Les tentatives de récupération ne manquant pas, le mouvement des chômeurs peut dériver vers le politique d'où il ne s'en sortira jamais indemne, avec en sus le risque d'épuiser son capital sympathie, s'il ne se transforme pas en son contraire. Ses animateurs n'ont pas le bagage des politiques ou des étrangers pour pouvoir faire tout le temps face à leurs man'uvres. Car tout les oppose, surtout les objectifs.
Il est compréhensible que les chômeurs du Sud se méfient du gouvernement, mais leur crédit peut vite s'évaporer dans les immixtions politiques qui peuvent l'entraîner en des territoires 'inconnus" pour le mouvement. Et les contextes international et régional devraient les pousser à plus de prudence dès lors qu'ils évoluent sur un terrain miné.
Les chômeurs du Sud ont gagné la partie et haut la main. Le gouvernement ne leur a pas fait de cadeau. Sachant leur détermination, il a affiché sa volonté de réparer une injustice. Injustice qu'ils partagent parfaitement avec les autres Algériens non inscrits au registre de la clientèle du pouvoir, partis politiques compris. Ce qui explique cette solidarité populaire et cette unité 'nationale" qui n'a pas la même définition que l'on soit responsable ou simple citoyen demandeur d'emploi. C'est ce qui compte le plus après la victoire du chômeur.