Algérie

Tension sur le lait infantile



Bébé veut son lait! Depuis quelques semaines, ce n'est plus la course au sachet de lait mais à celle de la boîte de lait infantile. En effet, les parents font le parcours du combattant pour trouver ce produit essentiel dans l'alimentation de leurs enfants. «J'ai fait une dizaine de supérettes de la capitale pour, enfin, en trouver», témoigne, Amina, une maman rencontrée dans une supérette de la capitale. Mais cette mère de famille n'était pas au bout de ses peines. Ayant voulu se constituer un «petit stock» de deux ou trois récipients, le vendeur lui indique que la vente était limitée à une boîte par client. «Un rationnement pour que tout le monde puisse avoir sa part en attendant des jours meilleurs», justifie-t-il. Heureuse d'avoir trouvé de quoi se dépanner, Amina rentre chez elle avant de revenir quelques jours plus tard, en espérant que ce magasin en dispose encore.Certains n'ont pas eu la chance de Amina. Malgré moult recherches, ils n'ont pas trouvé la marque de lait que leurs bambins ont l'habitude de consommer. C'est le cas de Omar. «J'ai fait le tour du monde, en vain! La marque à laquelle s'est habitué mon enfant est introuvable. J'ai dû me rabattre sur une autre marque que j'ai trouvée tant bien que mal», soutient-il avec beaucoup d'amertume. Il se dit, toutefois, heureux d'avoir trouvé de quoi se dépanner, non sans exprimer sa crainte de ne plus rien trouver dans les étals.
Mais que se passe-t-il donc avec cet aliment vital pour les bébés' Y a-t-il vraiment une pénurie' «Je dirais plutôt une crise, ou un manque. Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de la pénurie», assure Madjid, pharmacien d'officine. Chose que confirme Djamel, grossiste en produits pour bébé. «Il y a une réelle tension sur ces produits mais on n'est pas arrivé aux pénuries. Nous disposons de stocks de certaines marques alors que d'autres ont carrément disparu», poursuit-il. Pour le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, on est en train de revivre le même scénario que la fin de l'année 2012. «Rappelez-vous, il y a eu une crise du même genre qui a fini par être réglée», met-il en avant. Le docteur Zebdi confirme que son association reçoit tous les jours des plaintes de citoyens par rapport à ce problème. «Je confirme donc qu'il y a bel et bien une crise», poursuit-il. Ce consumériste assure qu'un rapport a été fait dans ce sens et qu'il a été envoyé aux autorités compétentes. «Nous avons fait un constat clair de la situation dans ce rapport en mettant en avant la tension qui existe sur ce produit vital tout en demandant à ce qu'il soit réglé avant que l'on assiste à une vraie pénurie», rétorque t-il. Le docteur Zebdi confirme donc les craintes des citoyens et commerçants. La situation demeure très délicate même si elle n'est pas encore dramatique. Surtout que les rois de la spéculation commencent déjà à se «sucrer» sur ces produits. Les prix de ces produits ont connu une augmentation fulgurante, pour certaines marques on passe du quitte au double. Pis encore, la «cabas connexion» a touché ce produit des plus sensibles.
Les trabendistes en ramènent de l'étranger qu'ils revendent à un prix fort au «bled». L'exemple d'une marque, actuellement en rupture et dont la petite boîte était cédée aux alentours de 700 DA, sa version cabas est, elle, vendue à 3000 DA! Certains en ont même fait un véritable «business». D'autres commerçants pratiquent la vente par concomitance. Comme avec le sachet de lait, ils obligent les clients à prendre un autre produit en plus de ce lait pour bébé. Cela alors que d'autres le vendent «sous le comptoir», à leur connaissance. «Nous sommes obligés de faire de la sorte pour le réserver à nos clients, car il n'y en pas pour tout le monde», justifie un commerçant qui recourt à ce genre de pratique. Quoi qu'il en soit, la situation prête à l'inquiétude même si elle n'est pas encore dramatique. Il faut rappeler que l'Algérie dépend de l'importation pour ces produits de très grande consommation dans un pays qui connaît près d' un million de nouvelles naissances chaque année.
Pour éviter cette dépendance à l'étranger, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait ordonné au mois d'août dernier, de se lancer dans la production du lait en poudre pour enfants. Le ministère de l'Industrie a, récemment, fait savoir que le projet est en cours de finalisation. Il devrait être lancé très prochainement. En attendant, les autorités doivent réagir avant que cela ne soit trop tard. Nous avons essayé de contacter le ministère du Commerce pour connaître les raisons de cette tension et les mesures prises, en vain! Le chargé de communication nous a répondu une première fois, nous demandant de le rappeler, hier à 14h. Ce que nous avons fait, mais ça sonne dans le vide...


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