Algérie

Tension sur la farine à l'Ouest



Depuis plus de 15 jours, la farine panifiable manque sur le marché notamment chez les grossistes. Cette situation a engendré une augmentation des prix qui ont atteint 1.300 DA le sac de 50 kg, alors que le prix administré est de 1.000 DA.

Selon certains commerçants de gros, ce sont les marques de farine qui font le plus défaut alors que d'autres sont disponibles mais ne peuvent pas être écoulées sur le marché, vu leur qualité. Pressées de nous expliquer la différence partant du principe que le blé tendre distribué par l'OAIC est le même, nos sources affirment que tout dépend du degré de raffinage du blé tendre et pour obtenir une farine panifiable, les normes doivent être respectées et notamment en isolant le son. Or, cette condition ne serait pas respectée, selon nos interlocuteurs et du coup, leur produit est boudé par les principaux consommateurs, à savoir les boulangers. Sur cette question précise, Yahia Cherradi, patron d'une minoterie à Hassi Bounif et membre de l'exécutif de l'association des meuniers et des céréaliers (AMC), créée depuis deux ans, estime que ce n'est nullement une question de qualité, mais de capacités de production de chaque unité, dans le sens où les minoteries à grande production, approvisionnent aussi bien les boulangeries que les distributeurs alors que celles à capacités moindres, se suffisent aux seuls boulangers. Notre interlocuteur affirme que la farine panifiable est disponible en quantités suffisantes et les difficultés des boulangers ne peuvent nullement être expliquées par ce qui est prétendu être une crise de ce produit. Et par rapport au prix, le meunier tranche en défiant quiconque pouvant présenter une facture d'achat de la farine panifiable dont le prix unitaire du quintal dépasse les 2.000 DA, ainsi que celui qui pourra affirmer, preuves à l'appui, qu'il n'a pas été approvisionné dans les temps. De son côté, le directeur de la coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) de la wilaya d'Oran, dément formellement les allégations des boulangers faisant état d'une rupture de livraison, à l'occasion des jours fériés. Ainsi, le même responsable indique qu'à la veille de l'Aïd, 32.000 q de blé tendre, soit 16.000 par jour, ont été livrés aux 38 minoteries de la wilaya d'Oran. En plus de la CCLS d'Oran, celles de Hammam Bou-Hadjar, d'Ain Témouchent ainsi que l'Union des coopératives agricoles (UCA) participent à approvisionner les producteurs de farine panifiable afin de satisfaire, régulièrement, la demande de plus de 800 boulangers de la wilaya. Notre source estime que 16.000 q/jour est une quantité largement suffisante pour les besoins de la wilaya. Il rappelle, dans ce contexte, qu'à un certain moment des producteurs ont même demandé de supprimer la livraison de jeudi afin d'éviter une surproduction.

 Pour le représentant des meuniers qui affirme que la matière première, à savoir le blé tendre, est disponible même si la formule des quotas est une arme à double tranchant: primo elle permet de réguler le marché par rapport aux besoins afin de maintenir le prix tels que fixé officiellement et secundo, elle pénalise les meuniers qui fonctionnent généralement en deçà de leurs capacités de production. Cette situation est un véritable fardeau pour les producteurs et notamment ceux ayant contracté des crédits bancaires et qui éprouvent toutes les difficultés du monde pour rembourser leurs prêts et d'amortir leurs investissements. Il considère que les boulangers sont des partenaires et que la complémentarité entre les deux corporations est une nécessité absolue afin de mieux organiser le secteur. Il explique les disfonctionnements constatés par des pratiques douteuses de la part de certains boulangers qui s'approvisionnent dans des circuits informels et incontrôlables afin de ne pas dépasser le chiffre d'affaires imposable en forfait, sous peine de glisser vers le réel. Autre anomalie, l'usage de la farine panifiable dans la production de la pâtisserie et autres gâteaux, deux produits aux prix non administrés et dont les prix sont libres. Les deux interlocuteurs sont unanimes pour considérer que même si le pain demeure un produit stratégique et que tous les projecteurs sont braqués dessus, la nature de la fluctuation des prix ainsi que le non respect du prix fixé est la même pour le lait en sachet qui est rarement cédé à 25 DA.

 A Sidi Bel-Abbès, des mesures qualifiées d'exceptionnelles ont été prises jeudi à l'issue d'une réunion qui a regroupé, sous la coupe du directeur du Commerce, les producteurs de farine panifiable, les directeurs de CCLS, ainsi que les représentants UGCAA des boulangers. La situation de ce segment a été jugée de «particulière» au cours de cette rencontre et il a été décidé, afin de réaffirmer la mission de régulation dévolue à l'Etat, en tant que seul et unique importateur de céréales, de constituer des stocks pour faire face en cas de pénurie. Dorénavant, le conditionnement de la farine ne se fera qu'à travers les sacs de 50 kg et qu'il ne sera plus permis de commercialiser ce produit sous emballage de 5 et 20 ou même de 25 kg. En clair, seuls les boulangers de la wilaya seront approvisionnés, avec des factures à l'appui, afin de mieux contrôler l'écoulement. Cette disposition a été prise pour couper l'herbe sous les pieds des contrebandiers spécialisés, au même titre que pour le mazout, d'acheminer ce produit subventionné vers les zones frontalières ouest et dont la quantité est estimée entre 50 et 60% de la production. Ces dispositions ont été également communiquées au ministère du Commerce et un appel a été lancé en direction de la population locale afin de la rassurer de la disponibilité du principal intrant pour la fabrication du pain.




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