Tension entre Washington et Pékin

Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a estimé, hier, que les travaux de construction ou d'agrandissement d'îlots par Pékin en mer de Chine méridionale nuisaient à la sécurité dans la région Asie-Pacifique, l'archipel des Spratleys (plus de 100 îlots et seulement 1,3 km de long) étant disputé par la Chine, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, le sultanat de Brunei et Taïwan. « La Chine a créé plus de 800 hectares de terrain, soit plus que tous les autres pays ayant des revendications sur cette zone. Et la Chine l'a fait durant les seuls dix-huit derniers mois », a indiqué le responsable américain à Singapour, dans le cadre du forum annuel « Dialogue Shangri-La », qui réunit des ministres de la Défense et des responsables militaires de pays de la zone Asie-Pacifique. « On ignore jusqu'où la Chine ira », a-t-il poursuivi, soulignant que Washington était « vivement préoccupé » par l'ampleur des travaux menés par la Chine dans cette zone traversée par des voies maritimes internationales de première importance. « Nous voulons un règlement pacifique de tous les différends. A cette fin, il devrait y avoir un arrêt immédiat et durable des travaux de remblaiement par tous ceux qui revendiquent leur souveraineté sur l'archipel », a fait savoir Carter. « Les soldats américains continueraient à évoluer en mer de Chine méridionale », a-t-il ajouté. Après le discours du secrétaire américain à la Défense, un responsable militaire chinois a estimé que ces critiques étaient « infondées et non constructives ». « La liberté de navigation en mer de Chine méridionale n'est pas du tout un problème car cette liberté n'a jamais été affectée », a déclaré le colonel Zhao Xiaozhuo de l'Académie des sciences militaires. « Je pense que les activités de la Chine sont légitimes, raisonnables et justifiées », a-t-il expliqué. La veille, un porte-parole du Pentagone avait indiqué que la Chine avait déployé, il y a environ un mois, deux pièces d'artillerie sur un de ses îlots artificiels mais les a retirées depuis. Le ministère chinois des Affaires étrangères a récemment critiqué les activités de surveillance en mer de Chine méridionale après qu'un avion américain P-8 de lutte anti-sous-marine et de surveillance maritime ait survolé les eaux au large des îles chinoises de Nansha. Ces activités de surveillance sont une menace pour la sécurité des activités maritimes de la Chine et peuvent provoquer des erreurs de calcul susceptibles de conduire à des incidents maritimes et aériens, a déclaré, mercredi dernier, Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.