A l'occasion du colloque Panorama 2011, organisé par IFP énergies nouvelles et qui s'est tenu à Paris, l'institut en question a rendu public une étude sur les tendances de l'industrie gazière mondiale, laquelle a d'ailleurs été reprise par la revue Pétrole et gaz arabes.
Le document en question souligne, en premier lieu, qu'après une année 2009 noire pour le gaz naturel, pendant laquelle la demande accusait un déclin historique de 2,8% , le bilan de l'industrie mondiale devrait faire état d'une année 2010 particulièrement favorable au gaz naturel. Ce dynamisme des marchés s'explique selon IFP Energies nouvelles par la reprise de l'activité économique, ainsi que par des hivers rigoureux et des prix du gaz compétitifs. Bien que la reprise économique ait montré des signes de fragilité dans la zone OCDE, la demande globale de gaz naturel devrait poursuivre sa croissance dynamique à court terme, sous l'impulsion des pays en voie de développement, laissant présager une résorption plus rapide que prévu de la bulle gazière sur les marchés internationaux. Ainsi, l'analyse des premiers résultats de Cedigaz montre que l'industrie gazière a renoué avec une croissance rapide en 2010, stimulée par la reprise de l'économie mondiale et un climat rigoureux. La consommation gazière globale se retrouve même légèrement supérieure à son niveau d'avant crise. Ce développement accéléré des marchés gaziers s'est effectué dans le contexte d'une offre disponible excédentaire plus abondante. Quatre pays, la Chine, les États-Unis, le Qatar et la Russie, arrivent incontestablement en tête des pays dans lesquels la production gazière connaît la croissance la plus rapide. Selon Cedigaz, les réserves prouvées de gaz naturel dans le monde sont estimées à 189 Tm3 au 1er janvier 2010, en hausse de 1 % par rapport à 2009. Cette augmentation traduit principalement la réévaluation des réserves gazières en Russie et aux États-Unis, tandis que de nouvelles découvertes ont fortement accru les réserves, en Arabie Saoudite, Australie, Chine, Israël et au Venezuela. L'augmentation des réserves américaines en 2009 a été la plus forte observée depuis 32 ans et s'explique largement par le développement des réserves de gaz de schistes, qui sont passées de 929 Gm3 en 2008 à 1 716 Gm3 au 1er janvier 2010. Ce phénomène met en évidence les progrès technologiques réalisés dans l'extraction de ces gaz. Bien que distribuées différemment des réserves pétrolières, les réserves gazières sont concentrées au Moyen-Orient (près de 40% des réserves globales) et dans la CEI (32%). Selon les premières estimations de Cedigaz, la production commercialisée mondiale afficherait une forte croissance de plus de 4% en 2010, dans le contexte de la reprise de l'économie mondiale, particulièrement marquée au premier semestre. Cette croissance significative, qui équivaut à une augmentation d'au moins 120 Gm3, ramènerait la production de 2010 à un niveau supérieur d'environ 1% à celui d'avant-crise de 2008. Néanmoins, le boom des gaz de schistes de 2006-2009 semble avoir perdu de sa dynamique au regard d'un nombre croissant d'indépendants vendant leurs actifs traditionnels à des compagnies internationales qui peuvent se permettre d'attendre une remontée des prix du gaz. Les producteurs se tournent massivement vers des schistes plus lucratifs riches en liquides (shale oil), dont la production d'huile est associée à la production de gaz humide. Les schistes de la région d'Eagle Ford (Texas), en particulier, ont attiré plus de 10 milliards de dollars d'investissements en acquisitions en 2010. Par ailleurs, après une progression continue, le nombre de forages gaz onshore s'est stabilisé sur les six derniers mois et a même amorcé un déclin depuis octobre 2010, ce qui devrait aboutir à une croissance moins rapide de la production des gaz de schistes en 2011-2012. Côté demande, le rebond accéléré de la consommation au premier semestre, avec des taux de croissance à deux chiffres observés dans la plupart des pays, a surpris par son ampleur, en particulier en Asie, où l'évolution de la demande gazière dépend fortement du contexte économique et industriel. Dans certains pays émergents, la consommation de gaz naturel a affiché une hausse spectaculaire. Selon les autorités officielles, la consommation gazière chinoise serait en hausse de 25% en 2010. Par ailleurs, la consommation en Inde et en Thaïlande devrait enregistrer une croissance de plus de 10%. Au Moyen-Orient, de nombreux pays (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Iran, Oman) ont considérablement accru leur consommation de gaz naturel dans les secteurs de la pétrochimie, de la production d'aluminium et d'électricité. En Amérique du Sud, le Brésil connaît une forte croissance (+16%) de sa consommation de gaz, liée en particulier aux besoins en électricité durant la saison sèche. Expansion très rapide du commerce international Ainsi, les échanges internationaux de gaz naturel par gazoducs et méthaniers ont progressé de manière soutenue et devraient enregistrer une croissance annuelle de plus de 10% en 2010, après avoir connu un déclin historique en 2009. Après une chute historique de 11% en 2009, liée principalement au ralentissement de l'activité industrielle en Europe, les flux internationaux par gazoducs affichent une croissance significative en 2010. Selon les résultats provisoires de Cedigaz, les échanges par gazoducs auraient progressé de 7% sur l'année. Alors que les exportations par gazoducs entre le Canada et les États-Unis sont restées quasiment inchangées par rapport à 2009, les principaux fournisseurs extérieurs à l'Europe (Russie, Algérie) ont vu leurs ventes vers le continent augmenter. Il ya dans ce sens une hausse très marquée des livraisons de gaz algérien vers l'Italie via le gazoduc Enrico Mattei (+25%). Par ailleurs, les arbitrages prix spot/prix indexé et l'afflux massif de GNL ont stimulé les échanges spot intra-européens, en particulier entre le Royaume-Uni et le continent. Aussi, le commerce de gaz naturel liquéfié (GNL) a connu en 2010 une croissance record, estimée à 20% par Cedigaz, ce qui équivaut à une augmentation annuelle des volumes échangés de plus de 50 Gm3. La montée en régime des livraisons du Qatar vers l'Europe (Italie, Royaume-Uni), l'attractivité des cargaisons spot et le rebond inattendu de la demande industrielle sur les marchés GNL traditionnels d'Asie (Corée du Sud, Japon) ont fortement contribué à cette hausse spectaculaire du commerce GNL en 2010. C'est dans le bassin atlantique que la croissance des importations GNL, estimée à 30%, devrait être la plus forte. Outre l'Europe, qui a été la destination principale du GNL qatari, de nombreux pays d'Amérique (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Mexique) connaissent des besoins croissants en GNL car leur production ne suffit plus à répondre à leur demande d'électricité et industrielle. Aux États-Unis, les importations GNL sont en baisse en 2010 et 600 Mm3 de gaz ont été réexportés. Dans le bassin pacifique, les importations sont estimées en hausse de 13%, sous l'impulsion de la Chine et de la Corée du Sud (besoins industriels et domestiques). L'industrie du GNL connaît actuellement un développement très rapide. La capacité de liquéfaction mondiale est passée de 331 Gm3/an en décembre 2009 à 364 Gm3/an en décembre 2010. Cette montée en puissance de l'offre disponible de GNL résulte de la mise e n service successive de deux trains de liquéfaction supplémentaires au Qatar (RasGas Train 7 en février 2010 et Qatargas III Train 6 en octobre 2010), un deuxième train inauguré sur l'usine de Yemen LNG en avril et la mise en service de la première usine de liquéfaction en Amérique du Sud : le terminal de Pampa Melchorita au Pérou. Dans les cinq prochaines années, la mise en exploitation prévue de dix nouveaux trains de liquéfaction, actuellement en cours de construction, devrait apporter une capacité supplémentaire de 64 Gm3, portant la capacité de liquéfaction mondiale à plus de 425 Gm3/an à la fin 2015. Les projets de regazéification en cours de construction dans le monde et qui rentreront en opération sur la période 2011- 2015 représentent une capacité totale de plus de 95 Gm3, qui comprend 32 Gm3 en Europe, 27 Gm3 en Amérique du Nord (États-Unis, Mexique) et 37 Gm3 en Asie, dont près de 20 Gm3 en Chine. Par ailleurs selon IFP Energies nouvelles, la flotte mondiale de méthaniers était composée de 336 navires en décembre 2009, d'après l'association GIIGNL. Celle-ci connaît un surplus de capacité, avec plus d'une dizaine de navires inutilisés. La perte d'intérêt des promoteurs de navires face à l'excédent mondial de GNL a fortement ralenti le rythme de construction des méthaniers et réduit à sec le carnet de nouvelles commandes. Cependant, si la flotte globale comporte une abondance de navires affrétés sur le long terme, il n'en va pas de même pour les navires dits "spéculatifs" disponibles pour le court terme, expliquant la forte augmentation des taux d'affrètement spot observée depuis 2009.
Le même document précise au registre des prévisions que durant les prochaines années, les incertitudes économiques pesant sur la zone euro en particulier annoncent une croissance gazière probablement moins rapide que celle enregistrée en 2010. Selon Cedigaz, la demande mondiale de gaz naturel pourrait progresser à un rythme toujours soutenu de l'ordre de 2,5% à 2,7%/an d'ici à 2012, stimulée par le dynamisme des marchés émergents et en voie de développement et par des prix compétitifs dans les pays industrialisés (secteur électrique) favorisant le gaz naturel. Du côté de l'offre disponible, les prévisions de Cedigaz, basées en partie sur les projets en cours de réalisation et de développement indiquent que la capacité de production globale s'élèvera à plus de 3 370 Gm3 en 2012, ce qui est environ 13% supérieur au niveau de 2009, et de 9,5% supérieur à celui de 2008.
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Posté Le : 21/03/2011
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Samira G.
Source : www.lemaghrebdz.com