Algérie

Tendances



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Youcef Merahi
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Encore le Maroc, allais-je dire ! Que ce pays nous titille à longueur de coups de griffes, c'est son problème. Pour nous, il faut savoir raison garder. Rien que cela ! Ni plus ni moins ! En tout état de cause, la rivalité n'est pas près de s'arrêter entre notre pays et le Maroc. De ce fait, il aurait fallu que notre ministre des Affaires étrangères fasse preuve de pondération, même si je n'ai pas de leçons à donner à un vieux routier de la diplomatie qui, depuis la Division Afrique (les années soixante-dix), a fait du chemin dans les méandres des relations internationales ; et a fortiori dans les affaires maghrébines. Il est de notoriété publique que le Maghreb a basé ses rapports sur la fraternité (!), au lieu de baser ses rapports sur les intérêts de chacun. Pays frères, disait-on à l'époque. Je ne la vois nulle part cette fraternité, ne nous leurrons pas. Aussi, notre ministre des Affaires étrangères a crevé, dans une certaine mesure, l'abcès. Il en sortira peut-être quelque chose de constructif pour nos deux pays, qui peuvent, en dépassant certaines contingences, unir leurs forces et faire face à une globalisation carnivore. Des questions se posent : pourquoi lors de ce forum et pas avant ' A quel objectif a-t-il obéi ' A-t-il l'aval de la présidence ' Quel serait maintenant la suite ' Est-ce seulement une querelle de brus ' La diplomatie ne demande-t-elle pas de la pondération ' Notre ministre a réagi à l'algérienne. Personnellement, j'attends la
suite ; si suite il y a. Parce que nous avons été habitués à ces querelles de voisinage, sans qu'il y ait de conséquences fâcheuses entre les deux pays. Dans les années soixante-dix, on parlait beaucoup de planning familial, de démographie galopante (comme étant un signe de sous-développement) et de protection maternelle. Ce n'est plus un enjeu socioéconomique, désormais. Les dernières statistiques (ONS), l'Algérie compte plus de quarante millions d'Algériens (cf. Le Soir d'Algérie du 23 octobre). Et si on doit rajouter un ratio d'occupation des territoires, notre pays est surpeuplé dans sa partie nord, et pratiquement vierge des Hauts-Plateaux jusqu'au Sud. S'il est vrai qu'il y a l'attrait mirifique des villes, leurs couleurs et leurs fantasmes, il n'en demeure pas moins que les autres territoires mériteraient des infrastructures structurantes, à même d'attirer et de fixer des populations entières. Et selon des projections, l'Algérie pourrait compter plus de cinquante millions d'habitants en 2025. Autant dire demain ! Nos gouvernants ont-ils dans la hiérarchie de leurs soucis futurs une planification des secteurs de travail à promouvoir, du nombre de logements à réaliser, des infrastructures scolaires, routières, portuaires et ferroviaires, celles de la santé, et du projet de société à même de faire le bonheur de cinquante millions d'Algériens ' A titre de boutade, je peux dire que 2025 est juste après le cinquième mandat. Alors, du boulot. Des apparts. Des routes. Des bagnoles. Des trains. Des avions. Des hôpitaux. Et. Et. Et. La stratégie d'un pays est un niveau d'exigence que l'actuelle fuite de nos cerveaux risque de dessiner un avenir incertain pour les générations futures. Pour tout dire, j'ai peur d'un avenir sans prospective. Car le présent ne me rassure guère !
J'ai cru comprendre que notre équipe nationale doit encore affronter le Nigeria. C'est bien cela : le Nigeria ' Bon dernier, nous n'irons pas en Russie. Pas de Coupe du monde, cette fois-ci. Tintin. Ulach. Pourquoi jouer ce match ' C'est de l'argent jeté par les fenêtres. On déclare forfait, un point c'est tout ! Pensons à l'avenir ! On a une triplette d'entraîneurs, Madjer, Ighil et Menad, qui peuvent redorer le blason de notre équipe nationale, s'ils arrivent à éviter tous les slogans creux, comme «l'esprit d'Um Dourman», et autres enfantillages, et faire en sorte de jouer au football, comme eux savaient le faire, à l'époque. Je suis nostalgique, même dans le ballon rond. Je regrette une certaine époque. En tout, d'ailleurs. Mais en foot, également. Nos stades étaient en tuf. Nos joueurs ne s'entraînaient pas souvent. Ne connaissaient pas la diététique du sportif. Un bon couscous. Et en avant que je laboure le terrain. Pour les couleurs. En mouillant le maillot. Et nos terrains ont produit des footeux qui jouaient au ballon, sans tenter d'imiter untel ou untel, jusque dans les coupes de cheveux. Je suis vieux jeu, peut-être. Un tantinet ringard. Triplement nostalgique. Sauf que je constate que la beauté du geste était chez les «Betrouni», et autres Lalmas, Seridi, Kolli, Amirouche”? Y a-t-il un joueur, aujourd'hui, qui sort du lot, ici ou ailleurs ' Donnez-moi des noms, s'il vous plaît ! Alors, de grâce, laissez-moi revivre les matchs d'antan ; du temps où on vibrait dans les tribunes, en communion avec les joueurs sur le terrain.
Je ne parlerais pas de la sortie tonitruante du Patron des patrons. Qui règle ses comptes après coup. Je ne parlerais pas, non plus, du Sila. Je verrai sur place ce qu'il en ressortira.
Si, par exemple, l'histoire du parking est réglée. Ou pas ' Je voudrais dire un mot, tout de même, sur le «retour» d'Idir qui considère qu'il fait une tournée d'adieu (je n'aime pas beaucoup ce terme), car «les années passent”?», dit-il. Je peux comprendre cette propension à saluer ceux qui aiment ce chanteur. Mais n'est-ce pas un peu trop tard ' J'aurais aimé le voir sur scène à des moments particuliers de l'Algérie. Durant justement «ces zones de turbulences», dont parle le chanteur lui-même.
C'est à cette période de vide, de doute, de serrage de boulon, de matraque, de déni, d'ostracisme, de bâillon et de balles assassines, que j'aurais aimé voir notre chanteur mettre un peu de baume sur des cœurs meurtris. Comme l'avait fait le regretté Lounès Matoub ! Ou Aït Menguellet ! Pour ne citer que ceux-là .
Il est vrai que les années passent à une vitesse inquiétante. Au point où la peur – la peur philosophique – s'épaissit et nous fait entrevoir l'inexorable. Alors, venez cher Idir, on se dira «au revoir». Puis, on écoutera ensemble quelques chansons rebelles pour nous rappeler que nous étions jeunes. Oui, jeunes. Et bourrés d'illusions ! Oui, d'illusions. Jusqu'à bouffer notre chique !


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