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Tendances



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Youcef Merahi[email protected]/* */L'instrument Facebook est une invention magnifique, tant dans son instantanéité que dans la dissolution des distances. Les amis que l'on se faisait, dans le temps, avec moult difficultés, maintenant, on peut en avoir en quantité industrielle. Et dans la seconde qui suit la demande ! Il n'est pas nécessaire de connaître l'ami, on reste dans la virtualité totale, il suffit de placer un profil, même fantaisiste, personne ne fera le contrôle, et hop, des ami(e)s s'accrochent à vos basques. D'ici et d'ailleurs, il y en a de toutes les couleurs. De toutes les variétés. Et de toute nature. Si certains s'obligent à signer de leur vrai patronyme, d'autres, par contre, utilisent des pseudos souvent farfelus. Et utilisent des photos de célébrités, comme si leur tronche ne peut pas passer sur la toile. Puis, à la fin, on ne sait plus qui est qui. Au point où certains malins se glissent dans votre compte et mettent des images que la morale réprouve. Juste pour casser l'ambiance. Et se prendre, encore une fois, pour des malins. Il y a de tout dans Facebook. C'est le reflet de la société, tout simplement.Si certains facebookers engagent un débat des plus sérieux ; d'autres, par contre, font dans le défoulement total. Les premiers ne sont pas nombreux ; les seconds sont légion. Il y en a même qui utilisent Facebook comme un site de rencontre, pensant qu'il suffit de montrer leur bobine pour que l'amour tombe dans leur escarcelle. Il y en a même qui se chamaillent par toile interposée. Dès lors, Facebook se transforme en «la grande maison» de Dib. C'est plus qu'un marché populaire. C'est une foire d'empoigne. Deux sujets ultrasensibles génèrent du crêpage de chignon, comme pas possible ; la religion d'un côté et le tamazight, d'un autre. Alors là , les cœurs se vident dans un élan de coulée de lave. Pas touche à ces deux segments ! Même si certains tentent d'élever le débat, il reste néanmoins que la passion négative dépasse la raison de ces amitiés virtuelles. Par contre, je reste admiratif de ces facebookers qui mettent leur poésie à la portée de tous ; promis, il y a de ces textes sublimes que, malheureusement, l'édition ne prend pas en charge. La poésie est une résurgence du passé ; passée de mode, elle se complaît dans sa marginalité. Mais elle résiste et profite du plus petit esquif pour tenter de rejoindre l'autre bord ; Facebook en est un.Je me suis pris au jeu, moi aussi. Je me suis fait un compte. J'y ai mis mon profil, ma photo (tout en sourire), et je navigue d'un compte à un autre, tutoyant des ami(e)s que je ne connais pas dans la réalité, pour la plupart du moins, et je tente de participer au souk de la virtualité. Quelque part, les facebookers trouvent leur compte. Leur plaisir. Leur perspective. D'autant que par le biais de la toile, on vide facilement le cœur. Même si, parfois, la prison est au bout du compte (je ne fais pas un jeu de mot). Je suis de près l'évolution de mes ami(e)s. Je lis leurs propos. Je visionne leur vidéo. Je leur souhaite un joyeux anniversaire. Je réprime des hauts-le-cœur face à certaines bêtises. Certaines vidéos sont tellement choquantes, que le cœur ne peut les supporter. Il y a de tout, bien sûr. Encore une fois, c'est le reflet de la société. Et Facebook en est le produit. Les facebookers projettent leurs peurs, leurs passions, leurs délires, leurs amours, leurs crispations, leurs ras-le-bol et leurs envies de tout dire sur la toile ; ils s'y sentent en sécurité, comme dans un confessionnal. Ce qui est, bien sûr, faux.Comme il m'arrive de souffrir de migraine, assez forte, je me suis mis en tête de demander l'aide de mes ami(e)s de Facebook. Comment faire pour lutter contre la migraine, sachant qu'à travers le monde, il n'y a pas un remède miracle. Ce jour-là , j'étais en pleine crise migraineuse. Comme je m'y attendais, j'ai reçu des réponses, en veux-tu, en voilà , par paquet. J'ai eu mon lot de médocs. Je ne le regrette pas. Certains me proposent des gouttes à prendre quotidiennement, comme traitement de fond ; je ne me rappelle pas du nom, tellement il est barbare. D'autres me proposent d'aller consulter une vieille dame qui «coupe» la migraine ; comment ' A ce qu'il paraît, la bonne dame mord le front du migraineux, et c'est la guérison. Là, on me propose deux bonnes bières fraîches, pour couper l'afflux sanguin. Ici, on me propose la «harga», rien que ça, vers d'autres cieux plus cléments. Puis, on me propose une sortie vers la campagne verdoyante de notre pays. Ensuite, on me propose des tisanes : tisane à la camomille, à l'écorce de frêne, à certaines herbes que je ne connais pas, du tout. Ah, une dame utilise une lame et de l'huile ; donc elle incise le milieu du front, et la migraine fiche le camp. Un autre me propose un «bon joint marocain», ou «le saut à l'élastique». La zetla ou l'Artane. Le changement (de quoi, je ne sais pas). Un autre médoc : le Rapidus (mais attention à l'estomac, me conseille un toubib). Une virée à Tigzirt. Lire de la poésie, ou en écrire (si, si, ça m'a été proposé, je le jure). Je donne de mémoire les propositions qui m'ont été faites par mes ami(e)s de Facebook. J'ai reçu une réponse incroyable ; un ou une facebooker me propose de me donner une réponse par réponse privée. Je ne sais pas si c'est une proposition honnête. C'est vraiment un fourre-tout ce Facebook ; c'est un peu comme la fameuse chanson de Pierre Perret ; je vous laisse deviner laquelle est-ce. En tout état de cause, j'ai rigolé un bon coup avec mes ami(e)s facebooker, puisque mes vrais amis oublient de s'annoncer, qu'à la fin ma migraine a déserté mon crâne, velu de vertige, sans recourir à rien du tout.


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