Algérie

Tendances



Tendances
[email protected] /* */La chaleur traîne en longueur (en langueur !). Elle use ses semelles sur les allées d'un temps qui n'en finit pas de ressusciter, à chaque aube, dans une explosion de flammèches brûlantes. à‡a me rend le cerveau en marmelade ! La sensible fraîcheur du matin crée l'illusion d'un automne en verve ; puis, graduellement, la chaleur reprend son siège devant des corps fourbus par une lutte inégale. Où aller ' Où chercher l'ombre salutaire ' Ici, l'arbre se fait rare. Le béton fait sa loi. La prédation humaine fait le reste. Il m'arrive de penser, à? Seigneur, que les arbres refusent de pousser sur notre sol, tellement ils sont agressés au quotidien. Alors quand j'ai à faire une emplette, je saute d'un coin d'ombre à un autre, des coins d'ombre squelettiques. J'ai beau me couvrir le crâne d'un chapeau, je reçois les coups de massue, à assommer un bœuf. De guerre lasse, je fais l'ermite. Je rentre chez moi et je m'enferme. Je suis comme dans une bulle autistique. Je m'y sens bien. Je lis. Je gambade, au fond de moi. Je rêvasse. Je trace des plans sur la comète. Je suis là . Et ailleurs. Je prends un recueil de poésie de Djamel Amrani. Je pétris, de ce fait, une certaine nostalgie. Je perds pied. Je néglige mes amis qui me reprochent une certaine distance. Ce n'est pas ça : je veux de l'air. De l'air, par pitié !Le ministère de l'Education, une institution à protéger comme Fort Knox, assume sa rentrée scolaire. C'est bien ! Près de huit millions de potaches. C'est aussi bien. Quoique, personnellement, les chiffres ne m'aient jamais inspiré. Je suis un ennemi déclaré des statistiques. Je veux du palpable. Du concret. Du tangible. On nous dit qu'il y aura, dès aujourd'hui, 20 wilayas qui assureront le cours de tamazight. Pris tel quel, je devrais applaudir. Mais je vais faire ma fine bouche. Je vais mettre mon grain de sel. En 1995, après le rapport de force du boycott scolaire, il a été décidé d'enseigner tamazight dans 16 régions, dites amazighophones. Concrètement, c'était quoi ' Il y avait une seule classe de tamazight à Oran. Une autre à Boussemghoun. Quatre classes à Alger. Pour le reste, tout s'était concentré dans la région kabylophone. Il faut se dire les choses en face. En fait, si on prend les cent pour cent d'apprenants de cette langue, plus de quatre-vingt-dix pour cent se concentrent à Bouira, Tizi-Ouzou et Béjaïa. Ailleurs, quelques dizaines d'élèves, sans plus. Est-ce que pour autant, il y avait réellement un enseignement de tamazight ' Du bricolage. Car les fondamentaux n'ont pas été respectés par le ministère concerné, ni par la présidence. Un, l'enseignement est facultatif, soumis à la demande sociale. Deux, la formation des formateurs est nulle (on puise dans les promos des licenciés de tamazight). Trois, tamazight s'écrit à l'aide de trois graphies, fait unique dans le monde, le caractère tifinagh, l'arabe et le latin, sans qu'aucun bouge le petit doigt. La situation de l'école algérienne n'est pas reluisante, tous s'accordent à le dire. Que dois-je dire de la place de tamazight au sein de cette école ' Aujourd'hui, on vient nous présenter 20 wilayas, comme étant une victoire historique. Soyons mesurés ! On vient nous dire qu'à Tizi, l'enseignement de tamazight est généralisé. Est-il obligatoire pour autant ' Non. Alors, c'est comme donner un coup d'épée dans l'eau. Tamazight est toujours orphelin. Sans statut. Marginalisé. Tous les acquis ont été faits sur la base d'un rapport de force. Alors, ceux qui attendent son officialisation dans une prochaine Constitution (encore une autre ' pour quoi faire ' Pour limiter les mandats, comme le dit la rumeur publique ') doivent réfréner leurs ardeurs, on est plus en situation du «Printemps noir». Mais en attendant, les acteurs de la cause amazighe doivent travailler, produire, sans relâche, pour être prêts demain. Je ne sais pas comment vous vous débrouillez avec cette chaleur qui farfouille nos pores, comme des morsures de moustiques. Personnellement, je me mets en boule et je tente de ne pas bouger le petit doigt. Pour m'économiser. Si par malheur, je dois me déplacer, je stresse grave. Je ne sais pas si vous avez remarqué, comme moi, la progression exponentielle de bagnoles sur des infrastructures qui, il faut le reconnaître, vont de l'avant. Plus on «fabrique» des routes, plus il y a de tacots qui écrivent, chacun à sa manière, un code de la route spécifique. Chaque conducteur dispose du sien. Priorité à droite ! Depuis quand, ya kho ' La mienne, elle est à gauche, le matin sur autoroute, à droite, l'après-midi, en ville. Puis, je «priorise», comme je l'entends. Plus l'Etat ouvre des voies de circulation, plus les voitures sortent de partout. Plus les codes de la route se multiplient. Pourquoi utiliser l'avertisseur sonore ' Parce que le constructeur de ma bagnole l'a installé pour ce faire ! Et puis, tu ne peux pas dire «klaxon», comme tout le monde. Je te fais, aussi, des appels de phare. Oui, tu me bouches la voie. Laisse passer, laisse. Je fonce à tombeau ouvert. Je suis superman, dans ma caisse. Et gare-toi, patate. Si par malheur, la route en question est sujette à une mini-émeute, oh là là , les choses vont empirer grave. La patience n'est pas notre fort. On commence par klaxonner. Puis on sort de la voiture. Puis on fait ronfler le moteur. Puis on double de partout. Puis on fait deux voies. Puis trois. Puis quatre. Puis on empêche ceux d'en face de passer. Puis on s'énerve. Puis on s'insulte. Puis on en vient aux mains. Dans ces cas-là , je vous suggère de prendre soin d'avoir un jerrican d'eau, minérale ou plate, peu importe, un thermos de café, du tabac à fumer, à priser et à inhaler, le plein d'essence, voire plus, l'œuvre de Lénine, des mp3 de chaâbi, une matraque au cas où, du codoliprane, un téléphone portable avec batterie neuve, une paire de trainings en cas de fuite, un gaz camping”? Pour les plus nerveux, quelques barrettes de shit feront l'affaire. Ah, j'ai oublié ! Ne cherchez pas les gendarmes ou les policiers, vous n'en trouverez pas. C'est comme dans les films gangsters,la cavalerie arrive toujours en retard. Quant à moi, je veux juste un peu d'air. Par pitié !Y.'m.P.S. : Le poète, mon ami, Lhadj Mohamed Derouiche est parti, après une longue quête de sens, pour un monde meilleur, dit-on. Une autre étoile éclairera le firmament de la poésie. Mes condoléances à son fils Farid.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)