Algérie

Temporal : Tombe la pluie'.



La manne du ciel provient de ce liquide précieux par qui s’annonce la prospérité et la fécondité. La pluie, cette incontournable essence de vie fait toujours parler la mémoire collective, autour de moult mythes accordant à l’eau toute sa puissance.  Les rites de la pluie trouvent leur origine dans la légende antique de Arsq Ed dib (les noces du chacal) Ces rituels ont évolué dans leur état originel et ont été peu à peu substitué par un rite implorant "la prière de l'eau"... Néanmoins certaines formes anciennes perdurent encore aujourd'hui, sous des variantes différentes selon les régions, et ainsi pratiqué autrefois dans le vieil Alger (appelé "Boughendja", "celui qui a la louche") pendant les année 50 marquant la génération entre deux guerres,  cette légende mettait en scène tous les enfants de la citadelle paradant avec un épouvantail en chantant «Ya Chta Soubi Soubi Ouel Arbi Besslamtou …. «Oh ! Pluie vient nous arroser pour l’amour de «Larbi», De l'eau, de l'eau, pour le dernier labour, que la cuillère la fasse tomber"... C'est en partie par ces paroles que l'on invoquait autrefois la pluie, lors de cérémonies où l'on demandait la pluie lorsqu'elle venait à manquer... On raconte que jadis, à l'époque où les animaux parlaient et où les esprits avaient une apparence humaine, Boughendja, apparaissait après l’averse sous la forme d'un arc-en-ciel.(Hazam El Ghoula) la ceinture de l’ogresse. Un jour après avoir immergé de l’eau les villageois aperçurent au loin, une belle jeune fille qui se baignait dans une petite rivière. Charmé et épris d'elle, le prince se jura de l'avoir pour compagne. En s'approchant d'elle, la jeune fille s'enfuit à toute allure, mais le beau chevalier lui emboîta le pas, il la pria de bien vouloir le suivre au ciel, là où elle régnera avec lui, et partagera ses richesses et ses pouvoirs. La jeune fille refusa son offre, préférant de loin la vie des mortelles, au faste des Dieux, ainsi offusqué le prince se sentit indigné. Furieux par son refus il  cria vengeance, ainsi le jour suivant, les villageois découvriront des rivières, des ruisseaux et des sources desséchées, le malheur était tombé, la mort était certaine, plus rien ne pouvait apaiser la colère .. Les villageois prièrent la jeune fille de céder aux envies de son prétendant afin d'apaiser sa colère et de le suivre dans son royaume. C'est ainsi que la jeune fille se sacrifia pour la survie des siens. Ainsi le roi de la pluie fut satisfait, la vie normale reprit son cours. Telle est la légende de Boughendja qu'on raconte jusqu'à aujourd’hui. Dans la mémoire collective des Algérois Le rite se présente comme une opérette Une jeune fille joue le rôle de "Loundja bent El Ghoul" : toilette et parure dues à une mariée, cortége nuptial. Elle tient en main  une louche et la procession chante des invocations au maître  de la pluie, tout en quêtant de porte à porte. On reçoit ainsi semoule, viande, graisse, oignons, etc. Arrivé dans un sanctuaire, le cortège s'arrête et les femmes préparent un repas cérémonial avec ce qui a été amassé. Tous les accompagnateurs y prennent part. Puis la "Qabla", la voyante guérisseuse du village, dénude la fiancée, l'enveloppe dans un filet à fourrage, puis lui fait faire sept fois le tour du sanctuaire tenant la louche en main de façon à avoir la tête de la louche en avant comme si elle demandait de l'eau, tout en répétant «Ô gens de l'eau, donnez de l'eau, nous donnons la vie a qui la veut». Entres autres chants, la fiancée répète une incantation qui commence par le vers suivant : "Moi et la terre sommes co-épouses". Après qu'un certain nombre de chants aient été entonnés par les femmes, les jeunes filles se livrent au jeu appelé «Teboukha»( la balle). Munies chacune d'un bâton, elles se disputent la balle afin de la faire tomber dans le trou. Une fois dans le trou, les jeunes filles chantent «Larbi est revenu sur terre la fiancée s'est soumise et a consenti»... Si bien que de nos jours, en temps de sécheresse les anciennes disent «il ne manque plus que les louches et les cuillères que nous n’avons pas remplies d’eau pour accueillir la manne du ciel.


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