Algérie

Temporal : Navarone à portée de vue



Qui des cinéphiles que nous étions n'a pas en mémoire la terrible bataille navale dans la mer Egée entre les Alliés et les forces armées allemandes. C'était la découverte au virtuel des canons de Navarone dont la destruction par un commando alpiniste avait donné naissance à  un mythe. Le cinéma avait pour domicile la célèbre rue Bologhine ou s'entassaient des centaines de badauds, munis de leur strapontins de fortune. Ami El Hadj, le gardien de ce sanctuaire littéraire, avait l'âme d'un nationaliste pour nous faire visionner des films de guerre en prévision de l'insurrection nationale. Dans cette timide niche insurrectionnelle,nous voilà déjà transposés dans la guerre de Libération où il fallait, pour cela, prendre la température de nos capacités et faire parler la poudre comme le faisaient jadis nos ancêtres. Dans cette série d'initiation au combat, l'image d'Épinal du canon pointé vers l'ennemi, nous revenait à  travers cette terrible bouche crachant le feu à  des dizaines de kilomètres. Au fil des séquences, la «Grosse Bertha» allemande se substitua au récit du légendaire «Bab Merzoug», ce redoutable canon, qui, installé sur les remparts de l'Amirauté, sema la terreur dans toutes les flottes ennemies qui s'aventuraient dans les lieux. Jusqu'en 1830, «Baba Merzoug» fut le canon le plus puissant au monde. Il tenait le rôle de leader, à  côté d'autres pièces d'artillerie de la défense de la ville d'Alger qui tenaient tous ensemble tête à  toutes les tentatives d'incursion ennemies à  travers les voies maritimes. Le bronze de «Baba Merzoug»ne pesait pas moins de 12 tonnes. Sa puissance de feu était phénoménale et terrifiante. Fabriqué en 1542, ce canon ou cette pièce d'artillerie est considéré à  ce jour comme étant l'arme lourde la plus puissante au monde. Sa longueur de 7 m n'a jamais été égalée à  ce jour. A titre illustratif, la «Grosse Bertha», le nom français de la très grosse pièce de canon terrestre de l'armée allemande que nous avons évoquée, ne dépassait pas les 5 mètres (chambre de tir). A la suite de la conquête d'Alger, les nombreux canons de la défense d'El Djazaïr et de son amirauté connurent différentes infortunes. Certains ont été fondus et coulés pour en tirer la statue équestre du duc d'Orléans, 24 autres garnissent à  ce jour le musée des armées de la place des Invalides à  Paris. Quant à  «Baba Merzoug», il est toujours intact. Débaptisé depuis pour porter le nom de «La Consulaire», «Baba Merzoug»trône toujours dans une place de l'arsenal maritime de la ville de Brest dans l'Ouest de la France. En tomber de rideau, l'histoire retiendra un pan du récit pour lever le voile sur ce que fut la chambre noire du cinéma Nedjma. Aujourd'hui, à  cet endroit indiqué de la rampe de la noria, les vestiges de rêves d'enfants  gravés sur mur nous indiquent en noir et blanc les premiers cours d'histoire sur écran. 


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