Algérie

Tempête en zone euro: l'Italie surendettée en première ligne



L'annonce surprise d'un référendum en Grèce, qui menace le plan de sauvetage européen, place de nouveau l'Italie surendettée en première ligne d'un risque de contagion de la crise de la dette et faisait plonger la Bourse de Milan de plus de 7% à la mi-journée.
Moins d'une semaine après le satisfecit obtenu auprès de ses partenaires européens sur des promesses de réformes structurelles, l'Italie a connu une journée noire. La Bourse a plongé de plus de 7%, avec des valeurs bancaires en chute, tandis que les taux d'intérêt atteignaient des sommets, nettement au-dessus de 6%, seuil jugé dangereux par les experts.
Le référendum en Grèce risque d'anéantir les effets de l'accord conclu jeudi dernier à Bruxelles, qui prévoit de porter la force de frappe du fonds de soutien européen de 440 milliards à 1.000 milliards environ pour éviter justement une contagion de la crise à la troisième économie de la zone euro.
L'écart de taux (spread), qui mesure la prime de risque entre les taux italien et allemand a atteint un nouveau record à 450 points de base, soit son plus haut niveau jamais atteint depuis la création de la zone euro et une «hausse vertigineuse» de 50 points en une demi-journée, soulignait un analyste.
«Les taux d'intérêt montent au ciel, les Bourses tombent en enfer», résumait le site d'information financière italien firstonline.info, qui qualifiait de «catastrophe» la décision du Premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser un référendum.
Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a aussitôt réagi, en dénonçant la décision grecque qui «pèse lourdement sur les échanges». «Il s'agit d'un choix inattendu qui crée des incertitudes après le Conseil européen et à la veille de l'importante rencontre du G20 à Cannes», a-t-il souligné.
Le Cavaliere a tenté de rassurer les marchés. Les mesures annoncées à Bruxelles seront «présentées aux partenaires du G20» et «les choix du gouvernement seront appliqués avec la détermination, la rigueur et la rapidité imposées par la situation», a-t-il promis.
Selon des sources proches des marchés, les pressions sur les marchés ont contraint la Banque centrale européenne à intervenir, en rachetant de la dette obligataire italienne, au jour d'entrée en fonctions de son nouveau directeur, l'Italien Mario Draghi.
«La situation est extrêmement grave. Nous savons tous que si nos taux d'intérêt s'approchent de 7%, le risque devient incontrôlable», a déclaré à la chaîne de télévision SkyTG24 Nicola Rossi, économiste et sénateur de l'opposition, estimant que «l'Italie est le maillon faible de la chaîne euro».
«Si nous atteignons 7%, nous sommes à un pas du défaut», a relevé pour sa part un expert de l'agence financière Milano Finanza-Dow Jones. Si la décision grecque a eu un impact sur l'ensemble des Bourses européennes, l'Italie et l'Espagne ont été touchées en première ligne. « Ces pays ont des difficultés à se refinancer sur le marché car les investisseurs ont des craintes, sans doute exagérées», estime René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.
«L'Italie n'est pas la Grèce. C'est un grand pays, industriel, avec l'un des excédents primaires les plus élevés de la zone euro», tempère-t-il, sans oublier toutefois les handicaps de la péninsule, notamment une «croissance très faible» et une dette colossale (1.900 milliards d'euros, soit environ 120% du PIB).
Pour le quotidien économique Il Sole 24 Ore, la situation de l'Italie «s'est détériorée à cause de nos hésitations. Nous nous sommes mis tout seuls dans ce pétrin et nous ne pouvons nous en sortir que tout seuls. Tout dépend de Nous», lance son directeur Roberto Napoletano dans un éditorial mis en ligne dans la journée.


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